La Sword and Sorcery


Aujuourd’hui, j’avais envie de vous parler d’un sous-genre de la Fantasy qui tombe un peu dans l’oubli : la Sword and Sorcery.

Ce sous-genre quasiment ancestral de la fantasy met en scène un guerrier ou une guerrière qui doit se battre contre un mage noir/sorcier malfaisant/nécromant (biffer les mentions inutiles), et ce, en général grâce à un artefact magique chèrement payé, obtenu au péril de sa vie. Le tout saupoudré d’une sulfureuse histoire d’amour, bien entendu !

Quand on se penche sur les caractéristiques du genre, on se rend compte que, en réalité, le genre lui-même est un cliché.

Ce genre est trop souvent confondu en l’heroic fantasy et je vous explique plus bas les différences entre ces deux sous-genres.

La plus vieille fantasy du monde… ou presque

Lorsque l’on regarde l’histoire de la Fantasy, on se rend compte que les premiers récits estampillés Fantasy sont des récits de sword and sorcery. Bien entendu, je ne fais pas allusion ici aux romans et nouvelles considérés comme les précurseurs de la Fantasy, mais bien ceux qui sont qualifiés comme tels. Ainsi, exit tous les James M. Barrie, L. Frank Baum et autres Lewis Carroll. Les premières histoires que nous considérons actuellement comme de la Fantasy sont parues dans le très célèbre pulp Weird Tales et sont considérées aujourd’hui comme de la sword and sorcery. Ce magazine, fondé en 1923 aux États-Unis, a vu la naissance de certains des plus grands classiques de la littérature fantasy actuelle. Parmi les plus grands noms publiés par ce pulp, on peut citer : Clark Ashton Smith, Robert E. Howard ou encore Fritz Leiber. Dans la catégorie fantastique, on peut aussi y trouver H. P. Lovecraft et August Derleth, entre autres.

Du beau monde, donc !

Un genre qui n’a pas plu à tout le monde

Les caractéristiques du genre

Il est intéressant de noter que, même si les premières publications datent des années 1920-30, la première apparition de l’expression sword and sorcery a eu lieu en 1961 dans un courrier que Michael Moorcock (le papa d’Elric) adressait au magazine Amra. En outre, la première définition du genre ne s’est faite qu’en 1976 dans l’essai Literary Swordsmen and Sorcerers de Lyon Sprague de Camp et dit ceci :

« C’est le terme par lequel les aficionados qualifient affectueusement cette de école de fiction fantastique dans laquelle les héros sont plus héroïques, les vilains tout à fait infâmes et où l’action prend totalement le pas sur le commentaire social ou sur l’introspection psychologique. En un mot, la Sword and Sorcery est une littérature de pur divertissement. »

Les universitaires Marshall B. Thymm, Robert H. Boyer et Kenneth J. Zahorski définissent de manière plus explicite les différentes caractéristiques du genre :

  1. le héros est un-e barbare charismatique ;
  2. l’accent est mis sur l’action ;
  3. le style est simple, prosaïque, familier ;
  4. la violence y est gratuite et sensationnelle ;
  5. il y a un réel manque de substace thématique.

Maintenant que nous avons tous ces éléments en main, on peut en tirer les igrédients qui font la sword and sorcery :

  1. Le héros est un combattant sans foi ni loi ;
  2. La magie y est toujours mauvaise ;
  3. Les thèmes sont récurrents et sans originalité ;
  4. L’accent est mis sur l’action au détriment de la psychologie ;
  5. Les personnages sont caricaturaux et n’évoluent pas ;
  6. Il y a toujours une histoire d’amour (cf la belle princesse à sauver) ;
  7. Le style est simple, prosaïque, familier ;
  8. La violence y est gratuite et sensationnelle ;
  9. La loi du plus fort prime toujours.

La polémique

Avec les définitions précédentes, vous aurez compris que le genre n’était pas très apprécié. Mais, en 1978, Hans Joachim Alpers va plus loin et dénonce la complaisance du genre envers la violence : on y opprime et on y tue des êtres humains, et ce n’est pas seulement le faits des “méchants”, les héros y prennent également largement leur part. Alpers souligne également l’idéologie douteuse qui est à l’oeuvre : celle du pouvoir de l’homme sur l’homme, le droit du plus fort comme principe premier de l’organisation sociale, l’accent porté sur la supériorité de certains peuples.

Sword and sorcery vs heroic fantasy

En réalité, les différences entre ces deux genres sont nombreuses, mais subtiles.

Suite au tollé de différents auteurs durant les années 70, le genre de la sword and sorcery a évolué pour donner quelque chose de plus “politiquement correct” :

  1. Les héros se sont assagis pour devenir des personnes respectables, de vrais valeureux guerriers ;
  2. L’accent a été plus mis sur la psychologie des personnages et un peu moins sur l’action ;
  3. Les personnages évoluent pour devenir meilleurs (pour devenir des héros) ;
  4. Les thèmes abordés s’enrichissent et se complexifient ;
  5. On voit apparaître certaines métaphores de la société ;
  6. La magie n’est plus systématiquement mauvaise ;
  7. La loi du plus courageux/intelligent/rusé a remplacé la loi du plus fort.

En revanche, il s’agit toujours de l’histoire d’un guerrier/d’une guerrière qui doit sauver le monde et qui tombe amoureux/-se.

L’heroic fantasy se rapproche davantage du récit initiaque que l’on peut croiser dans les mythes et que Joseph Campbell a expliqué et analysé dans son essai Le Héros aux mille et un visages. Ce sous-genre défend des valeurs telles que le courage, la justice, l’honnêteté,… telles que celles que l’on peut retrouver dans la chevalerie, finalement.

Alors que la sword and sorcery est beaucoup plus brutale et favorise juste les faits exceptionnels au détriments du reste.

Quelques exemples

Conan de Robert E. Howard

Résumé :
« Sache, ô Prince, qu’entre l’époque qui vit l’engloutissement de l’Atlantide et des villes étincelantes… il y eut un Âge insoupçonné, au cours duquel des royaumes resplendissants s’étalaient à la surface du globe… Mais le plus illustre des royaumes de ce monde était l’Aquilonie, dont la suprématie était incontestée dans l’Occident rêveur. C’est en cette contrée que vint Conan, le Cimmérien – cheveux noirs, regard sombre, épée au poing, un voleur, un pillard, un tueur, aux accès de mélancolie tout aussi démesurés que ses joies – pour fouler de ses sandales les trônes constellés de joyaux de la Terre. »​

Publié en 3 volumes chez : Bragelonne

Jirel de Joiry de C. L. Moore

Résumé :
Jirel de Joiry est une fière guerrière que rien n’effraie. Pas plus l’horrible dieu noir que la magicienne Jarisme. Des pays les plus ténébreux aux couloirs de l’inquiétant château de Hellsgarde, Jirel se bat pour sa liberté, voire pour sa survie, mais aussi afin de sauver Joiry des périls les plus improbables. Et quoi de plus improbable que cette étrange rencontre avec Northwest Smith, le célèbre aventurier de l’espace surgi du futur.

Publié chez : Folio SF

Le Cycle des épées de Fritz Leiber

Résumé :
Imaginez un monde antique et fabuleux, un monde de sortilèges et de joyaux, de crânes et d’épées affûtées. Au cœur de cet univers de légende : la cité de Lankhmar, dont les tours et les ruelles grouillent de brigands et de magiciens.
C’est là que se sont rencontrés pour la première fois Fafhrd, barbare des déserts Froids, et le Souricier gris, dont les yeux malicieux luisaient de magie. Ils ne savaient pas encore que leur amitié serait plus longue que mille quêtes et cent vies d’aventure !

Publié chez : Bragelonne

L’Empire des nécromants de Clark Ashton Smith

Résumé :
« Personne ne sait faire jouer la note de l’horreur cosmique aussi bien que Clark Ashton Smith. L’étrangeté diabolique et la fertilité de sa création n’ont peut-être jamais été égalées par un autre écrivain, mort ou vivant. Qui d’autre a eu des visions aussi magnifiques, luxuriantes et déformées par la fièvre, de sphères infinies et de multiples dimensions, et y a survécu pour les exprimer ? » Ces mots de H.P. Lovecraft vous donnent la mesure de cet écrivain de génie, créateur de mondes mythiques.

Je crois qu’une nouvelle publication est prévue chez Mnémos dans les mois à venir.

Kane de Karl Edward Wagner

Résumé :
Il s’appelle Kane. Certains racontent qu’il est invincible, voire immortel ; que la pierre de sang qu’il porte au doigt lui confère un pouvoir surhumain. Il en est même pour affirmer qu’il aurait Jhaniikest, la sorcière ailée, pour maîtresse. Il s’appelle Kane et ne se reconnaît ni dieu, ni maître. Seuls ses rêves de conquêtes et d’aventures le mènent de par le monde. Et aucun de ceux qui l’ont affronté en combat singulier n’est plus là pour s’en vanter. Il s’appelle Kane et voici son histoire. Le cycle de Kane – archétype de la fantasy héroïque – est considéré comme l’œuvre maîtresse de Karl Edward Wagner. Ce premier des trois tomes qui en constituent l’intégrale comprend deux romans : La pierre de sang et La croisade des ténèbres.

Publié chez : Denoël en grand format et chez Folio SF en poche.

Imaro de Charles Saunders

Résumé :
Dans cet univers, l’Afrique s’appelle Nyumbani et des horreurs sans nom se tapissent sous le couvert de ses jungles et dans l’océan herbeux de ses savanes. C’est une terre sauvage et dure pour les tribus humaines qui y vivent, en proie aux attaques d’êtres malfaisants et surnaturels, une terre sur laquelle il faut être un guerrier accompli pour survivre. Et le plus grand d’entre eux se nomme Imaro… Imaro de la tribu des Ilyassai, Imaro le banni, Imaro le légendaire héros d’un continent mythique !

Publié chez : Mnémos.

J’espère que l’article vous a plu ! Si vous avez d’autres titres de S&S à proposer, surtout n’hésitez pas ! 😀

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