10 conseils pour vaincre ses blocages


Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qui touche tous les écrivains au moins une fois au cours de leur vie : les blocages.

Il existe plusieurs formes de blocage, j’aimerais en parler avec vous et partager mes trucs et astuces pour passer outre.

De plus, c’est un sujet qui me touche particulièrement en ce moment, je me suis dit que c’était une bonne idée d’en parler. — Si vous me suivez sur mes Facebook et Twitter d’autrice, vous avez dû vous rendre compte qu’il n’y a plus d'[EXTRAIT DU JOUR] depuis une semaine, vous savez donc maintenant pourquoi.

Qu’est-ce qu’un blocage ?

Je crois que chacun a plus ou moins sa propre définition du blocage, alors pour être sûre et certaine que nous parlions toutes et tous de la même chose, je voudrais vous donner ma définition.

Ceux qui me suivent depuis longtemps devaient s’y attendre ! La définition, ce passage obligé sur Monde Fantasy ! 😉 )

Pour moi, un blocage ce n’est pas nécessairement l’incapacité complète d’écrire, mais plutôt l’incapacité d’écrire avec facilité et plaisir.

Il y a blocage quand l’écriture devient une sorte de combat contre soi-même, quand on a l’impression de se forcer pour pouvoir sortir les mots, et, surtout, quand on n’éprouve plus aucun plaisir à écrire.

De la même manière, on peut éprouver un blocage pour l’écriture de fiction, mais pas pour celle de non-fiction, et inversement.

Par exemple : je suis en plein blocage avec mon roman, mais pas pour les articles de blog. Il m’est déjà arrivé que ce soit l’inverse.

Les différents blocages

C’est vrai que lorsque l’on pense à un écrivain qui n’arrive plus à écrire, on pense, le plus souvent, au syndrome de la page blanche (ou leucosélophobie). C’est effectivement le blocage le plus courant, mais aussi le plus complexe au point qu’il mériterait un article à lui tout seul.

Pour rappel, le syndrome de la page blanche est un manque d’inspiration ou un trop-plein qui empêche de se concentrer sur une seule idée.

Mais, en réalité, il existe d’autres blocages que le syndrome de la page blanche :

L’angoisse de la page moche : il s’agit de la peur d’écrire de la merde, c’est cette impression que ce que vous avez écrit ne ressemble à rien, que vous avez l’impression que les mots sont creux et que le style est bancal, bref que ce que vous écrivez ne ressemble à rien. — j’ai repris la dénomination de ce blocage à Pierrick Messien du blog Le Souffle numérique qui a écrit tout un article sur le sujet : L’angoisse de la page moche (je vous le partage, mais je ne suis pas du tout d’accord avec sa vision du syndrome de la page blanche).

La peur de la fin : il arrive que, lorsque l’on arrive à la fin d’un roman, on soit pris-e d’une sorte de peur qui nous empêche de finir notre roman. Cette peur peut être due au fait qu’on ne veuille pas lâcher nos personnages et/ou notre univers, qu’on a peur de ce qui va suivre (la relecture, les retours des bêta-lecteurs, les corrections, le parcours du combattant pour trouver un éditeur…) ou tout simplement, la peur de se dire qu’une fois ce livre-ci terminé, il faudra recommencer à zéro avec un nouveau.

La charge cognitive trop importante : c’est, en gros, l’ensemble des tâches, pas seulement celles liées à l’écriture, que l’on doit accomplir et qui occupe nos pensées en permanence. Plus elle est importante et désorganisée, plus elle nous empêche de nous concentrer.

Les préoccupations : il n’y a rien à faire, lorsque notre quotidien devient une source de tracas plus ou moins importante, plus ou moins grave, notre esprit devient accaparé par ces problèmes et nous n’arrivons plus à nous concentrer correctement, à produire un travail digne de ce nom. — Je vous invite à aller lire l’article où je parle de ce problème : Écrire quoi qu’il arrive.

Le ras-le-bol : ça fera peut-être sourire certain-e-s, mais oui, il arrive qu’on en ait marre, et ce, même si l’écriture est notre passion. Quand on parvient à en faire son travail, il arrive, comme dans tout travail, d’avoir envie, voire besoin, de vacances.

La pression : il peut arriver que certaines personnes vivent l’intérêt des autres pour leurs écrits comme une pression stressante, surtout si on est en plein blocage. Parfois aussi, certaines personnes présentent un intérêt presque oppressant pour votre écriture et d’autres vous pressent de terminer vos écrits (ça peut être un éditeur, des fans, votre famille…). Mais la pression peut aussi être tout autre : on peut essayer de vous forcer à arrêter d’écrire. À partir de ce moment-là, l’écriture devient une sorte de lutte contre le courant. Et n’oublions pas la pression sociale qui pèse sur tous les créateurs en règle générale. Il n’est pas toujours facile d’être écrivain-e et de l’assumer au grand jour.

La peur de décevoir : on peut avoir peur de décevoir sa famille, ses amis, son éditeur, ses fans, mais on peut aussi se décevoir soi-même. La peur de la déception (ou de l’échec) est peut-être la pire parce que c’est la plus pernicieuse, de mon point de vue en tout cas. C’est celle qu’on ne peut pas écarter par le repos ou le raisonnement (parce que la personne qui en sujette va la nourrir en boucle avec des oui, mais et si… ?).

L’environnement physique : parce qu’il est plus facile d’écrire en étant assis-e dans son canapé qu’en faisant du parapente. Les écrivain-e-s sont souvent attaché-e-s à leurs rituels et à leurs habitudes. Changer d’environnement (comme partir en vacances, déménager ou changer notre horaire d’écriture) peut être une source de blocage parce qu’on n’arrive pas à recréer notre bulle.

Il est clair que cette liste n’est sûrement pas exhaustive et qu’il existe probablement d’autres types de blocage, mais ce sont ceux que j’ai réussi à identifier.

Maintenant, place aux conseils pour passer outre et réussir à écrire !

Conseil 1 : Reconnaître qu’on a un blocage

C’est peut-être l’étape la plus difficile : admettre qu’on a un problème.

C’est assez fréquent de nier, volontairement ou pas, que l’on arrive plus à écrire, d’une part à cause des fameuses pressions qui arrivent de tous les côtés et, d’autre part, de la honte que l’on pourrait éprouver. Le temps que l’on va mettre pour comprendre que l’on est bloqué est variable : certain-e-s mettent des années, d’autres quelques heures.

Dans mon cas, j’ai mis 2 semaines à comprendre : pendant deux semaines, j’ai ramé et l’écriture devenait vraiment pénible jusqu’au jour où je me suis posée devant mon ordinateur et rien n’est sorti. Là, j’ai compris que ça ne venait pas du passage qui était un peu plus difficile à sortir que les autres (je suis dans un passage que je n’ai pas vraiment préparé), mais que j’avais bel et bien un blocage.

Conseil 2 : Identifier l’origine du blocage

Comme on vient de le voir, il existe tellement de facteurs qui peuvent empêcher d’écrire que les identifier n’est pas toujours chose aisée.

Pour y parvenir, je procède comme un médecin qui diagnostique une maladie (pour quelques minutes/heures/jours, j’attrape ma canne et je me prends pour le Dr House) : j’analyse mes symptômes, mon roman et mon environnement. Je pourrais vous résumer ça en quelques questions :

  • Quand je me mets à mon clavier, ai-je envie d’écrire ?
  • Que m’arrive-t-il quand je me mets à écrire ?
  • Quelles sont mes émotions à ce moment ?
  • Ai-je une idée plus ou moins claire de ce que je veux écrire ?
  • Ai-je encore la foi en mon roman ?
  • Est-ce que je parviens à me concentrer correctement ? À faire abstraction du reste de ma vie pendant l’écriture ?
  • Suis-je dans un environnement qui me convient ? (En termes de position, de bruit, de calme, de sérénité, de confort, de capacité de concentration…)
  • Ai-je suivi tous mes rituels ? (C’est bien connu que pour parvenir à se connecter à son roman, il faut se déconnecter de son environnement)
  • Comment s’est passée l’écriture ?
  • Comment va ma vie en ce moment ?
  • Suis-je préoccupée ?

En général, en répondant à ces questions, j’arrive à savoir si je suis en plein blocage (parce que parfois c’est juste un coup de mou), mais aussi de quel blocage je souffre.

Conseil 3 : Faire une pause

Quand on est en plein dans un blocage, en général, ça ne sert à rien de persévérer. Mieux vaut faire une pause et s’aérer l’esprit.

Ça peut aussi être l’occasion de régler les problèmes qui vous préoccupent ou les tâches qui remplissent votre charge cognitive.

Faire une pause, sans culpabilité et sans vous occuper du qu’en-dira-t-on, c’est reculer pour mieux sauter.

Conseil 4 : Lire

Eh oui ! Lire est souvent une grande source de motivation et d’inspiration, mais aussi de divertissement.

Lire permet de s’aérer l’esprit et de s’évader, de penser à autre chose. Mais aussi de se reconnecter à l’écriture : pour moi, lire me rappelle à quel point j’aime, moi aussi, raconter des histoires.

Attention toutefois à ne pas tomber dans l’autre travers de la lecture, celui de la comparaison qui nous démotive parce qu’on se dit qu’on n’écrira jamais aussi bien. Dans ce cas, soit lisez un livre que vous détestez ou qui n’est pas du tout dans le genre que vous écrivez, soit laissez tomber la lecture et visionnez-vous une bonne série.

Conseil 5 : Écrire autre chose

Ma mère m’a toujours dit : « Un travail repose d’un autre travail. »

Aussi, quand vous avez un blocage, il peut être bénéfique de laisser votre roman de côté pour écrire autre chose, de préférence quelque chose de court et de différent (comme une nouvelle ou un article).

Conseil 6 : Glander

Aucune femme d’écrivain ne comprendra jamais que son mari travaille quand il regarde par la fenêtre.

J’aime beaucoup cette citation de Burton Rascoe parce qu’elle illustre parfaitement le besoin qu’a un-e écrvain-e de ces moments où il/elle laisse vagabonder son esprit.

Laisser vagabonder son esprit, sans retenue ni contrainte, permet d’enchaîner les pensées jusqu’à avoir une idée qui peut être l’Idée. C’est le genre de chose que l’on peut faire dès qu’on est seul-e : sous la douche, sur le pot, dans un bain, en crochetant/ tricotant dans son canapé, dans les transports en commun…
Quand on souffre d’un manque d’inspiration ou de motivation, c’est le meilleur moyen de se reconnecter à son univers, d’avoir plein de nouvelles idées et de retrouver l’envie d’écrire

Conseil 7 : Changer ses habitudes

Parfois, changer de cadre ne peut être que bénéfique. Il ne s’agit pas de devoir obligatoirement déménager ou changer de pays, mais parfois juste changer de pièce ou modifier l’orientation de votre bureau pour pouvoir regarder par la fenêtre peut être salutaire pour votre inspiration et/ou votre concentration. Aller écrire dans un café peut aussi être une bonne idée.

Vous pouvez aussi changer vos horaires d’écriture, la boisson, les grignotages, la musique, le support d’écriture (passer de l’ordi au papier ou vice versa), etc.

Conseil 8 : Faire le point

Il arrive que l’on soit bloqué-e parce qu’on ne sait plus où on en est : le roman a dévié du plan, on ne se rappelle plus vraiment du plan, on a eu de nouvelles idées…

Dans ces cas-là, prendre le temps de faire le point sur les personnages, l’avancée de l’intrigue, l’univers, etc. est le meilleur moyen de se remettre sur les rails de notre imaginaire et de repartir du bon pied.

Ranger ses notes peut également être un excellent moyen de clarifier les choses : faire du tri et du rangement, c’est aussi bon pour les armoires que pour l’esprit !

Conseil 9 : Se confronter aux autres

Parler à d’autres personnes d’un problème qui nous touche est une manière de le rendre réel (v. le premier conseil), mais aussi une manière de s’aider soi-même. Exposer les choses tout haut (ou par écrit) à quelqu’un d’autre nous force à poser des mots sur le problème et donc à le rendre plus net. Quand on garde tout pour soi, le problème est comme une grosse pelote de nœuds dont on a du mal à estimer l’importance. Dès qu’on le présente à d’autres, on est obligé-e de démêler cette pelote et c’est là, bien souvent, qu’on se rend compte que le problème n’est pas si insurmontable que ça.

Dans le cas d’un blocage dû à la peur de décevoir, confronter ses écrits à des alpha ou des bêta-lecteurs peut aussi être une solution rassurante à condition que ces personnes soient bienveillantes et honnêtes avec vous. Il ne s’agit pas de présenter votre texte à une personne qui va l’encenser ou le démolir sans arguments, mais à quelqu’un qui va relever vos points forts, vos points faibles et, surtout, qui va vous encourager.

Conseil 10 : Écrire

Et oui ! Il faut bien s’y remettre à un moment. Quand vous sentez que l’envie commence à repointer le bout de son nez, foncez ! Alors, à moins que vous en ayez une envie dévorante, ne commencez pas par une longue session d’écriture, ni même par un challenge d’écriture tel que le NaNoWrimo. Partez plutôt sur quelque chose qui ressemble au défi sablier mis en place par Samantha Bailly.

Le principe de ce défi est d’écrire tous les jours pendant une semaine, mais en augmentant chaque jour le temps d’écriture : on commence lundi avec 10 minutes, mardi 15 minutes, mercredi 20 minutes, jeudi 25 minutes, vendredi 30 minutes, samedi 45 minutes et dimanche 1h.

Voilà donc quelques petites astuces dont je me sers personnellement (cet article rentre notamment dans le cadre des conseils n°2 et 9 pour mon blocage actuel). J’espère qu’ils vous aideront si un jour vous en avez besoin.

Ma copine de plume Nathalie Bagadey a, elle aussi, abordé récemment le sujet sur son blog. Elle y donne aussi ses propres conseils : Que faire en cas de blocage ?

Et vous, quels sont vos propres trucs et astuces contre les blocages ?


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