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Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sous-genre de la fantasy dont on prononce rarement le nom mais qui, pourtant, est probablement l’un des plus lu à l’heure actuelle : l’urban fantasy ou fantasy urbaine.
Ce sous-genre récent a énormément évolué depuis son apparition et est devenu très populaire. Pourtant, on entend rarement les lecteurs et les lectrices parler d’urban fantasy.
L’urban fantasy, ou fantasy urbaine, est apparu dans les années 1980. Selon André-François Ruaud, écrivain, essayiste, anthologiste et éditeur français, le fondateur de l’urban fantasy serait Charles de Lint avec son roman Moonheart paru en 1984.
L’urban fantasy est un sous-genre de la fantasy qui se caractérise par le fait que la magie se manifeste dans notre monde du XXe ou XXIe siècle et, en général, dans une grande ville (ou dans plusieurs grandes villes).
En fantasy urbaine, il y a un côté underground non négligeable. La féerie et les créatures magiques sont dissimulées aux humains, et ce, même si ces créatures se mêlent aux mortels. Bien souvent les seuls capables de franchir le voile qui sépare la magie du monde réel sont des marginaux, des enfants ou des créatures hybrides (comme les sœurs Halliwell dans Charmed qui ont à la fois un pied dans le monde des mortels et un pied dans le monde magique).
Le contact entre le merveilleux et le monde réel peut prendre plusieurs formes :
L’urban fantasy présente également les thèmes et les valeurs chers à la fantasy tels que des combats manichéens, des élus, le courage, la sagesse, la volonté…
Il est également intéressant de noter qu’au sein même de la fantasy urbaine se détachent deux sous-genres qui sont :
La fantasy urbaine est souvent perçue comme un genre protestataire car il sert souvent à la critique de notre société matérialiste, consumériste, déshumanisante et individualiste. D’après André-François Ruaud, un des spécialistes du genre en France, elle canalise une sorte de révolte, un rejet de la société moderne et le désir d’un retour du merveilleux. Son cadre citadin et contemporain en fait également la seule forme de fantasy qui permette cette critique sociale explicite, selon Jacques Baudou.
C’est souvent là que les passions se déchaînent.
Sans rire, j’ai quitté plusieurs groupes facebook parce que la question de savoir quelle est la différence entre la fantasy (urbaine) et le fantastique déchiraient les membres et je vous jure que je n’exagère pas ! On a été jusqu’à m’insulter parce que je donnais la définition de Todorov pour le fantastique…
De la définition simplifiée donnée par les Américains : dans les deux cas, on se retrouve avec une définition tronquée des réels éléments qui les différencient. C’est-à-dire que pour les deux, on se retrouve avec une définition qui dit : C’est un genre où le surnaturel surgit dans le monde réel.
Oui… Mais non !
La véritable définition du fantastique est celle-ci :
Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s’expliquer par les lois de ce même monde familier. […] Le fantastique c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel.
Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Éditions du Seuil, Points Essais, 1970, p. 29.
Dans la définition complète, que vous pouvez lire dans mon article Différencier les genres de l’Imaginaire, Todorov met l’accent sur l’importance de l’hésitation et du doute autant du personnage que du lecteur. Quand on sort d’un récit fantastique, on doit être incapable de dire si l’événement en apparence surnaturel est dû à la folie, au rêve ou s’il s’est réellement produit.
Or, dans la fantasy urbaine, les faits surnaturels sont totalement acceptés par le personnage et le lecteur. Donc, comme l’explique si bien Ludün Mats dans l’extrait ci-dessous, si un événement surnaturel se produit dans un cadre surnaturel, alors il devient naturel. C’est ça la fantasy : changer le cadre des événements pour que la magie devienne réelle et soit acceptée. S’il n’y a pas de doute sur la nature et l’existence de la magie, alors c’est de l’urban fantasy (ou du merveilleux).
Où alors se situe la différence entre fantastique et fantasy urbaine si elle ne se trouve pas dans les éléments du récit ? C’est aux finalités qu’il faut réfléchir.
L’intrusion du surnaturel revêt dans ces deux genres un sens différent. Dans le fantastique, ce phénomène sert de rupture avec notre monde, ce qui engendre un sentiment de trouble, de peur parfois ; dans la fantasy urbaine, c’est l’émerveillement qui prime. On ne s’inquiète pas de cette manifestation, on l’accepte. Dans la fantasy, le surnaturel s’inscrit dans un cadre surnaturel, il devient naturel. Même si la fantasy urbaine garde un cadre naturel, les phénomènes sont acceptés sans problème et apporte le rêve. […] De par sa naissance, la fantasy offrait le dépaysement à ses lecteurs, l’espoir d’un monde meilleur, en confrontant les valeurs d’un univers imaginaire à celles du réel. On retrouve ce schéma dans la fantasy urbaine. L’élément merveilleux s’oppose au matérialisme de la société, et apporte donc d’autres valeurs, sacrées. Le fantastique, quant à lui, ne confronte pas deux modes de pensées, il constate l’impossibilité de changement, l’impasse, et s’attache plus à la psychologie de l’homme […]. Le champ de la fantasy est généralement le monde, celui du fantastique l’homme.
Ludün Mats, La Fantasy, éd. Ellipses, coll. Réseau, 2006, p.49
Je vous invite également à regarder cette vidéo d’Anne Besson, agrégée et docteur en Lettres, maître de conférences en Littérature générale et comparée à l’université d’Arras (Artois), spécialisée dans la littérature de l’Imaginaire, qui explique bien les différences entre la fantasy urbaine et le fantastique :
When Sara Kendell opens a box of oddments in the storeroom of the Merry Dancers Old Book and Antique Emporium, she has no idea that she’ll stumble across anything unusual. But those seemingly ordinary artifacts—a painting, a ring and a flat bone disc—will turn Sara’s world upside down and lead her to places she never dreamed could exist: a world of mists and forests, ancient magics, mythical beings, ageless bards…and restless evil.
In a tale sweeping from ancient Wales to the streets of modern Ottawa, de Lint’s unforgettable characters—Sara Kendell; her beloved uncle Jamie; Blue the biker; Kieran the folk musician; RCMP Inspector Tucker; Pukwudji the trickster; the inscrutable Tom Hengwr; and the magic of Tamson House itself—will stay with you forever.
(Le livre n’a jamais été traduit en français)
Londres, un soir comme tant d’autres. Richard Mayhew découvre une jeune fille gisant sur le trottoir, l’épaule ensanglantée. Qui le supplie de ne pas l’emmener à l’hôpital… et disparaît dès le lendemain. Pour Richard, tout dérape alors : sa fiancée le quitte, on ne le reconnaît pas au bureau, certains. même, ne le voient plus… Le monde à l’envers, en quelque sorte. Car il semble que Londres ait un envers, la » ville d’En Bas « , cité souterraine où vit un peuple d’une autre époque, invisible aux yeux du commun des mortels. Un peuple organisé, hiérarchisé, et à la tête duquel les rats jouent un rôle prépondérant. Plus rien ne le retenant » là-haut « , Richard rejoint les profondeurs…
Quand la Fantasy se projette dans nos cités… que trouve-t-on ? Des prières à Vénus dans les ailes des colombes, des noyés sur les paliers des maisons, des cirques inquiétants dans les sous-terrains nocturnes, un Leprechaun pot-de-colle, le Prince Charmant chez les avocats, des fées assiégeant Paris, des horloges tournant à l’envers, de la poésie dans les reflets sur les pavés… Londres, Paris, Frontier, Edinburgh, Portland, Göteborg… Dans le monde, et à part. La Magie revient, défigurant l’univers » connu « . Tout est redevenu possible et neuf, infusé d’autres dangers. Ouvrez les yeux… traversez… 18 histoires inédites par les maîtres du genre, choisies et mises en scène par Léa Silhol.
Seattle, les autres vagabonds l’appellent le Magicien. Lui, il voudrait juste qu’on le laisse tranquille. Quand il est revenu du Vietnam, il a cru qu’il avait laissé derrière lui ses vieux démons. Il ne voulait plus jamais sentir le souffle empoisonné de la guerre. Mais quelque chose de maléfique s’insinue dans les rues de la cité, une magie noire qui menace la ville tout entière. Seul le Magicien possède un pouvoir suffisant pour l’arrêter. Alors bientôt, il devra choisir : rester et se battre, au risque de tout perdre, ou s’enfuir. Être un Magicien, le dernier, ou simplement un homme.
Le récit des Petites Fées de New York démarre avec Morag et Heather, deux petites fées hautes de cinquante centimètres, portant épée, kilt vert et cheveux mal teints, qui volettent par la fenêtre du pire violoniste de New York, un type antisocial et obèse nommé Dinnie, et vomissent sur sa moquette. Qui sont-elles et comment sont-elles arrivées à New York, et en quoi tout cela concerne-t-il l’adorable Kerry, qui vit dans l’immeuble d’en face, est atteinte de la maladie de Crohn et confectionne un alphabet des fleurs, et en quoi tout cela concerne-t-il les autres fées (de toutes nationalités) de New York, sans oublier les pauvres fées opprimées de Grande-Bretagne, voilà le sujet du livre. Il contient une guerre, ainsi qu’une mise en scène fort inhabituelle du Songe d’une Nuit d’Été de Shakespeare, et des solos de guitare de Johnny Thunders des New York Dolls. Que peut-on demander de plus à un livre ?
Voilà, j’espère que cet article vous a plu. Est-ce un genre qui vous plaît ? Avez-vous des lectures à conseiller ?
Une réponse à “L’Urban Fantasy, le genre qui fâche”
Bonjour, j’ai beaucoup aimé votre article sur l’urban fantasy. Vos explications sont clairs et j’aimerai avoir votre pour deux questions si vous le voulez bien. J’aimerai savoir si la série Grimm répond aux critères de l’urban fantasy. Et est-ce que la série Once Upon A Time y répond également ?