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La semaine dernière, je vous parlais de la chevalerie, aujourd’hui je vous parle de l’autre caste dont il est souvent question en Fantasy : la paysannerie.
En effet, le thème du fermier (orphelin, qui plus est) au destin épique est récurrent en Fantasy. Les premiers exemples qui me viennent en tête sont Eragon dans L’Héritage de Christopher Paolini, Richard dans L’Épée de Vérité de Terry Goodkind ou encore Rand dans La Roue du Temps de Robert Jordan. — Blague à part : vous aurez remarqué qu’il ne s’agit que d’hommes, c’est presque toujours « un » fermier et jamais « une » fermière…
Donc, comme il s’agit tout de même d’une classe de la population qui a une certaine importance dans notre genre de prédilection, autant en parler un peu 😉
Avant toute chose, une petite définition ! 😉
Paysan, Paysanne :
Personne qui vit à la campagne de ses activités agricoles.
Source : Larousse
Au Moyen-Âge, on considérait qu’il y avait deux types de paysans : les serfs et les vilains.
Les vilains sont des paysans libres, propriétaires de la terre qu’ils exploitent. Ils pouvaient se marier à leur gré. En justice, on acceptait leur témoignage et les tribunaux devant lesquels ils étaient traduits comprenaient des vilains comme eux. À leur mort, leur terre passait régulièrement à leurs enfants. Et surtout, ils avaient la faculté de quitter, quand ils le voulaient, le domaine sur lequel ils travaillaient.
En revanche, pour pouvoir bénéficier de la protection du seigneur local et de divers services (comme l’utilisation des moulins, fours, ponts, etc.), ils devaient payer des taxes telles que le cens (sorte de loyer), les banalités (pour l’usage du moulin, du four, du pressoir,…), la taille seigneuriale (sert à payer la protection du seigneur). Les vilains pouvaient payer ces impôts en monnaie (appelé redevance), mais le plus souvent, ils devaient exécuter des corvées dans les champs dont le seigneur se réservait toute la production (appelés la réserve) : faucher l’herbe des prés seigneuriaux et porter le foin au manoir, curer le fossé qui entoure les murailles, labourer la terre du seigneur. Cela représente une à six journées de travail par an.
Les serfs ne sont pas libres de leur personne et sont liés corps et biens à leur seigneur. Ils sont attachés à une glèbe (une terre). Ils sont souvent des descendants d’anciens esclaves ou des vilains réduits à la misère qui avaient volontairement engagé leur personne à un seigneur. Par définition, le serf est :
De ce fait, les serfs peuvent être vendus ou donnés en même temps qu’une terre. En ces occasions, on peut séparer les membres d’une même famille.
À partir du XIIe siècle, certains serfs chanceux dans leur travail peuvent aussi racheter leur liberté. À cette époque, beaucoup de seigneurs ont besoin de nouveaux revenus. Leur train de vie augmente avec l’apparition des châteaux en pierre beaucoup plus coûteux à édifier que les châteaux en bois. Les seigneurs aussi modifient leurs habitudes vestimentaires avec l’utilisation des étoffes de luxe dont ils ont pu prendre goût dans leur séjour au Proche-Orient à l’occasion des Croisades. Il en est de même pour les changements dans l’alimentation avec un recours plus grand aux épices d’outremer fort coûteuses à se procurer. Ces seigneurs peuvent donc accorder la liberté à leurs serfs moyennant finance.
Le servage est une institution caractérisant l’organisation socio-économique du Moyen Âge. Sa différence avec l’esclavage provient du statut juridique du serf : il n’est pas assimilé à une chose comme l’était l’esclave et dispose d’une personnalité juridique. Il peut se marier, posséder des biens et ne peut être vendu. De plus, le seigneur ne dispose pas sur lui du droit de vie ou de mort.
Les serfs sont une classe de travailleurs agricoles. Ils doivent résider et travailler dans un endroit, et cultiver la terre, propriété de leur seigneur. Ce dernier peut être un noble, un dignitaire ecclésiastique ou une institution religieuse comme un monastère. De ce fait, le serf est juridiquement considéré comme une personne liée par un contrat (une obligation) à une autre personne et non comme un bien meuble appartenant à une personne. Les serfs cultivent les terres de leur seigneur (la « réserve seigneuriale ») et, en contrepartie, ils sont autorisés à travailler un lopin de terre pour nourrir leur famille et subvenir à leurs besoins. En échange de leur travail, le seigneur leur doit protection.
En outre, les serfs étant indissociable de leur glèbe, le seigneur ne peut les chasser.
Au XIVe siècle, l’agronome italien Pietro de’ Crescenzi publia un traité en 12 volumes réunissant toute la science agronomique médiévale et tous les souvenirs des auteurs latins, avec une orientation vers l’agriculture méditerranéenne. Dans ce traité, intitulé Ruralium commodorum opus dans sa version originale en latin et Rustican du labour des champs, translaté du latin de Pierre de Crescens en français, par l’ordre de Charles V, roi de France, en 1373 dans sa version traduite en français, se trouve notamment un calendrier-type des tâches agricoles dominantes à effectuer en fonction du mois de l’année (sauf pour le mois de mai qui est illustré par une activité seigneuriale, d’ailleurs souvent néfaste aux paysans : piétinement des récoltes par la cavalcade des chasseurs).
Chaque tâche est représentée dans l’illustration ci-dessus. On peut voir le paysan effectuer différents travaux agricoles :
J’espère que cet article vous a plu et vous aura donné quelques idées pour l’introduction de « paysans » dans vos romans, parce que c’est vrai que, finalement, on ne voit que des vilains dans les récits fantasy et jamais de serfs…
Comme d’habitude, je vous invite à me faire de vos avis, suggestions, questions et mots doux dans les commentaires ! 😉