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Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qui peut paraître étrange mais qui m’a fait me poser plusieurs questions au cours de la rédaction et de la correction de mon roman, à savoir :
Jusqu’où peut-on accepter les anachronismes dans un roman de fantasy ?
Dans cet article, je vais donc vous expliquer ma manière de voir les choses et comment je les gère dans mes récits. Bien sûr, mes propos n’engagent que moi, encore une fois ! 😉
Bien entendu, j’ai bien consciente que la fantasy n’est pas un genre historique (sauf la fantasy historique…) et qu’il est difficile de parler d’erreurs historiques ou d’anachronismes pour un genre où, en théorie, tout est permis. Mais je vous propose de lire jusqu’au bout pour comprendre où je veux en venir ! 😉
Bien entendu, je ne peux pas me lancer dans le sujet sans une petite définition 😉
Un anachronisme est une erreur qui consiste à ne pas remettre un événement à sa date ou dans son époque ; confusion entre des époques différentes.
Nous dit le Larousse
MAIS !
Peut-on réellement parler d’anachronisme en Fantasy, alors qu’il existe un genre appelé la Science-Fantasy ?
Pour moi : OUI !
… et non…
Avant de démarrer quoi que ce soit, j’estime qu’il est important de spécifier que je considère des univers précis et des genres précis. Il est vrai que la Fantasy est le genre de l’Imaginaire par excellence parce qu’on peut tout faire… mais pas n’importe comment non plus !
Pour moi, il existe plusieurs types d’anachronismes :
Ce que j’entends par anachronismes volontaires ce sont tous les anachronismes qui caractérisent les genres rétrofuturistes (Steampunk, Science-Fantasy dans un univers Medfan…). Ces anachronismes volontaires sont destinés à enrichir l’univers et peuvent parfois être considérés comme des figures de style ou des allégories. Ce sont des anachronismes entendus entre l’auteur et le lecteur et indispensables à l’univers ainsi qu’à l’histoire.
Ce sont aussi des anachronismes qui peuvent aussi être considérés comme une forme de créativité.
Les anachronismes involontaires sont les erreurs, tout simplement. Tout ce qui est placé dans un univers et qui ne devrait pas s’y trouver. Parfois c’est gênant, parfois pas.
Ces anachronismes-là peuvent être autant volontaires qu’involontaires.
Je vois les anachronismes accommodants comme les petits détails qu’on place dans les univers que nous créons pour nous faciliter la vie et faciliter l’immersion du lecteur. Pour vous donner l’exemple le plus flagrant : les vêtements dans les univers medfan ! La plupart des univers dans lesquels je me plonge (et le mien n’y échappe pas non plus) sont des univers inspirés du Moyen-Âge européen entre le IXe et le XIIe siècle (entre la fin de l’Antiquité et l’invention des armes à feu), or les vêtements décrits sont des tenues sorties tout droit de la Renaissance ! Mais on utilise ce visuel-là parce qu’il est plus proche de nous et plus facile à nous représenter.
Un autre exemple : écrire avec un langage moderne, parce que plus personne ne parle l’ancien français de manière courante. C’est une forme d’anachronisme d’utiliser des mots modernes pour désigner des objets passés.
C’est le genre d’erreurs pardonnables ou d’anachronismes conscients qui permettent de rendre les univers plus abordable.
Les anachronismes dérangeants sont des anachronismes gros comme des maisons qui tombent dans un univers comme un cheveux dans la soupe. L’auteur aurait voulu qu’ils soient accommodants mais, finalement dérangent, voire choquent.
Ces anachronismes ne sont pas dérangeants pour tout le monde, ça dépend vraiment du lecteur.
Les anachronismes de fond peuvent être volontaires ou pas, accommodants ou pas. Il s’agit des anachronismes qui touchent l’univers et le cadre de l’histoire. C’est typiquement l’exemple des vêtements renaissants dans un univers medfan. Ces anachronismes peuvent aussi s’appliquer à des personnages pour leur donner plus de profondeur et/ou un aspect drôle — comme c’est le cas dans mon roman 😉
Un exemple d’anachronisme de fond qui m’a fait grincer des dents : On est dans un cadre de Japon féodal et un guérisseur ausculte une patiente inconsciente. Son verdict est sans appel : elle en état de mort cérébrale.
Il faut savoir que la mort cérébrale c’est l’inactivité complète et irréversible du cerveau. Étant donné que c’est lui le big-boss-chef du corps humain, s’il n’est plus là pour dire au cœur de battre ou aux poumons de respirer, on est mort, et ce, de manière définitive. Le concept de mort cérébrale n’est apparu qu’en 1959 et n’était permis que grâce à la prise en charge des fonctions vitales (respiration, cœur qui bat, etc.) par des appareils. Appareils qui n’existaient pas durant le Japon féodal…
C’est typiquement le genre d’exemple qui peut vous faire perdre des lecteurs pointilleux.
Les anachronismes de forme, à nouveau, peuvent être volontaires ou pas, accommodants ou pas. Ces anachronismes se situent dans la formulation du texte et dans les dialogues. Dans l’écriture-même.
Je trouve que c’est l’anachronisme le plus difficile à combattre en tant qu’auteur car il nous demande de faire un véritable travail de vocabulaire pour nous empêcher d’utiliser des mots qui nous sont habituels. Je crois que le mieux est de vous donner un exemple — parce que ça vaut toujours mieux qu’un long discours ! 😉
Dans mon roman, une phrase en particulier m’a posé problème : Instinctivement, comme une somnambule, la jeune femme commença à dénouer un à un les lacets de cuir qui retenaient son armure.
Ce instinctivement est probablement l’un des mots qui m’a posé le plus de problème dans mon roman. Dans le premier jet, à l’écriture, j’ai écrit automatiquement. MAIS ! Durant ce pseudo-Moyen-Âge de mon univers, la notion-même d’automatisme n’existait pas puisque c’est un concept qui est arrivé avec les machines qui savaient travailler sans l’intervention des humains ou des animaux, soit au XIXe siècle. Ce terme, automatiquement, était donc un anachronisme et un qui me dérangeait ! Je suis donc passée sur le terme machinalement. Mais ce mot ne me satisfaisait toujours pas puisque l’idée que quelque chose est machinal est directement reliée à la notion de machine qui travaille seule et donc à la notion d’automatisme. Ça n’allait toujours pas !
Ce n’est qu’à la deuxième correction que j’ai pensé autrement pour trouver un mot qui correspondrait autant à mon univers qu’au sens de mes propos : instinctivement. Pour cela, il m’a fallut me rappeler que l’être n’était pas une machine, mais un être vivant qui réfléchi en fonction de ses acquis ET de son instinct.
Tout ça pour vous dire que si vous souhaiter réellement immerger le lecteur et/ou créer un effet de style, il vous faut faire très attention aux mots que vous utilisez. Car l’écriture, ce n’est pas que l’amour des belles histoires, c’est aussi l’amour du mot juste !
Je vois les anachronismes en Fantasy plus comme des fautes de goûts ou des figures de style que comme de réelles erreurs qui nous enverraient au bûcher. Je pense toutefois qu’il est important pour nous, auteurs, de faire attention à ces détails car c’est cette attention et ce perfectionnisme — quelque part — qui ne rendra nos romans que meilleurs.
Et vous ? Quel est votre avis à propos de ce genre de détails ? Y avez-vous déjà fait attention pendant vos lectures et/ou votre écriture ?