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Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un concept qui est un peu maltraité de partout. Je lis et j’entends souvent des blogueurs, booktubeurs, bookstragrameurs, book[remplissez-avec-ce-que-vous-voulez] qui vantent les qualités d’un livre en clamant haut et fort : « La force de ce livre réside dans son personnage principal, un vrai antihéros… »
Et, quand je me penche un peu plus sur ledit “antihéros”, je me rends compte que c’est juste un personnage un peu grincheux ou avec quelques défauts…
De même, beaucoup de personnes ont tendance à prendre le raccourcis “c’est de la dark fantasy, le personnage principal est donc un antihéros.” Pas nécessairement. Ce qui définit un sujet comme étant un héros ou un antihéros, ce sont ses qualités, ses valeurs, ses actes et le but (ou l’absence de but) de son histoire.
Du coup, je voulais rétablir un peu ce statut d’antihéros pour qu’il ne soit plus utilisé à tort et à travers.
Avant de vous expliquer ce qu’est un antihéros, je pense que ce serait pas mal de revoir ce qu’est un héros 😉
Il faut savoir qu’en narratologie, les personnages sont étudiés sous deux angles différents :
Comme nous l’avons vu dans un précédent article (Héros, personnage principal ou protagoniste ?), le rôle du héros (aussi appelé sujet) est celui de se voir confier la Quête.
Mais ce n’est pas cette version-là qui nous intéresse aujourd’hui.
Celle que je veux vous rappeler est la version symbolique du héros.
Durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, le héros devait :
Par la suite, le héros a évolué pour devenir un personnage de moins noble naissance, plus proche du peuple et plus réaliste (avec quelques défauts, des épisodes de doutes, des faiblesses, des échecs…).
Pourtant, si l’archétype a changé, le rôle du héros, quant à lui, n’a pas évolué d’un pouce. Le héros est là pour incarner un idéal à atteindre. Il est là pour nous inspirer et nous inciter à nous élever, à devenir meilleur-e-s et à défendre des causes et des valeurs justes et nobles. Le héros peut également servir à porter des idéaux politiques, moraux ou religieux.
… l’inverse de tout ce qu’on vient de dire. Peu ou prou.
D’abord, normalement, un antihéros est donc un personnage à qui une quête a été confiée et qui ne présente pas les caractéristiques physiques et/ou morales d’un héros. Au sein du schéma actantiel, l’antihéros est donc le sujet (celui qui réalise la Quête) et non un adjuvant. — J’ai déjà vu dans certaines chroniques qu’un personnage secondaire ou un adjuvant était considéré comme un antihéros.
Toutefois, il arrive que, parfois, on qualifie d’antihéros un antagoniste qui suscite de la sympathie ou de la compassion.
En vérité, un antihéros est beaucoup plus complexe que le simple fait d’être l’inverse du héros et peut être vu à différents degrés. À une époque, le simple fait d’avoir une héroïne ou un personnage avec un défaut (physique ou “moral”) faisait du personnage un antihéros.
À l’heure actuelle, comme le concept du héros a beaucoup changé et s’est fortement éloigné de sa définition antique : un personnage laid ou le simple fait d’avoir une femme en guise de Sujet ne suffit plus à faire d’eux des antihéros.
Selon moi, on distingue 6 grands types d’antihéros :
Il s’agit d’un personnage que l’on suit dans son quotidien et qui n’a pas de grande quête épique à accomplir, de meurtrier à arrêter ou de trésor à trouver. C’est un personnage banal que l’on suit dans une histoire banale.
Par exemple : Gaston Lagaffe, les 6 protagonistes de Friends, Meursault dans L’Étranger d’Albert Camus, Bridget Jones dans Le Journal de Bridget Jones de Helen Fielding.
Il s’agit du parfait opposé du héros traditionnel. Ses valeurs sont tout sauf nobles, il n’a aucune qualité héroïque (courage, abnégation, magnanimité…) et ces personnages peuvent être détestables, voire malaisants. Ce sont des personnages a- ou immoraux, qui agissent pour leurs seuls intérêts et qui n’hésitent pas à faire du mal autour d’eux pour servir leurs propres intérêts. Leur objet (ou quête) n’est pas non plus épique ou ne défend pas non plus des causes nobles. Ce sont également des personnages qui ont tendance à connaître une fin tragique (emprisonnement ou mort). — Typiquement, ce sont des personnages chaotique-mauvais.
Par exemple : Valmont et la marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, Maximilien Aue dans Les Bienveillantes de Jonathan Littell.
Il s’agit d’un personnage qui a toutes les qualités requises pour être un héros, mais qui ne passe pas à l’action ou qui utilise mal ses capacités, voire qui refuse de les utiliser.
Par exemple : Holden Caulfield dans L’Attrape-Coeur de J.D. Salinger, le chevalier inexistant dans Le Chevalier inexistant d’Italo Calvino, Don Qui Chotte.
(aussi appelé le héros décalé)
Ce sont des personnages qui n’ont rien d’extraordinaire qui se laissent entraîner dans des histoires plus ou moins hors du commun et qui n’agissent pas. Ces personnages se laissent porter par le récit et ne prennent aucune décision, ils ne s’affirment pas.
Par exemple : Hughie Campbell dans The Boys (en tout cas dans une bonne partie de la première saison), Arnie Cunningham dans Christine de Stephen King, le personnage de la chanson Même pas Mage du Naheulband.
C’est le héros qui n’en a que le nom. Il s’agit d’un personnage qui se bat pour le Bien, pour une cause juste, mais soit de manière fortuite parce que ça lui permet d’atteindre son propre but moins noble, soit parce qu’il s’allie à d’autres qui sont les ennemis de son ennemi, soit parce qu’il souhaite atteindre son noble objectif par tous les moyens même les moins orthodoxes. — Ce sont des personnages plutôt chaotique-neutre ou neutre-mauvais.
Par exemple : Catwoman, The Butcher dans The Boys, Deadpool.
Il s’agit du héros se battant pour une cause pas noble du tout, qui peut être prêt à tuer, torturer, violer, piller et plein d’autres joyeusetés pour atteindre son but, mais qui le fait en suivant un code d’honneur très stricte. C’est le genre de personnage qui ne défend absolument pas les valeurs héroïques traditionnelles, mais qui en a les qualités.
Par exemple : Fantômas, Arsène Lupin
Voilà ! J’espère que cet article vous a plu !
Quels sont vos antihéros préférés ?
Une réponse à “L’Antihéros”
J’adore le concept d’anti-héros, ce sont mes personnages préférés! J’en truffe tout ce que j’écris, par exemple dans mon brouillon de roman il y a un ancien méchant loyal-mauvais repenti qui essaie de se réconcilier avec son entourage et de réparer les dégâts qu’il a causé sur le monde, une « gentille » qui en est arrivée au pire pour ses convictions et qui doit se remettre en question et un gardien de la tradition tellement scrupuleux qu’il ne fait plus rien d’utile…