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Aujourd’hui, j’avais envie d’aborder un sujet que j’ai déjà abordé, mais du point de vue de mon propre univers. Il s’agit du sujet des anachronismes en Fantasy.
En effet, à plusieurs reprises (et encore récemment, d’ailleurs), on m’a fait la remarque que ce n’était pas normal de trouver des patates, des frites et des baies vitrées au Moyen-Âge.
En revanche, personne n’a relevé la présence de thé, de café, de bananes, de couvre-plats, d’épices, d’assiettes, de toilettes dans une auberge, des femmes au pouvoir, de mobilier en acajou et la liste des anachronismes et des parachronismes dans mon univers sont légions !
Mais sont-ce vraiment des ana- et des parachronismes alors que je ne place pas mon récit sur Terre, mais dans un monde totalement inventé inspiré du Moyen-Âge et de la Renaissance d’Europe de l’ouest ?
Si mon roman avait été un roman historique, les éléments cités auraient effectivement été des anachronismes.
Mais je n’écris pas de romans historiques, j’écris de la Fantasy. C’est important de se souvenir de cela lorsqu’on écrit ou qu’on lit de la Fantasy dont l’univers a été totalement inventé.
Tell’Andra n’est pas la Terre, et l’Idalie n’est pas la France. Ce qui signifie que l’Histoire de ces deux mondes (la Terre et Tell’Andra) ne peuvent pas être comparées puisqu’elles sont différentes. Alors, effectivement, l’univers décrit dans Neph et Shéa ressemble à notre Europe médiévale, mais elle n’est pas identique pour autant. D’ailleurs, je puise autant mon inspiration dans le Moyen-Âge que dans la Renaissance. Comme la majorité des écrivains de Medfan, d’ailleurs.
L’Idalie et toutes les autres nations de Tell’Andra ont des histoires économique, commerciale, politique, sociale, etc. qui sont différentes de celles que l’on a connues en Europe. Elles ne peuvent donc pas être comparées.
En outre, un point essentiel qu’il ne faut pas négliger, c’est la présence de la Magie qui change la donne à plusieurs niveaux. Pourquoi inventer la poudre à canon si on peut lancer des boules de feu à tour de bras ? Pourquoi inventer la roue si on peut tout faire léviter ?
(Ce sujet de l’évolution de la société en fonction de la Magie sera traité dans la série d’articles à propos de la Magie, pas de panique.)
Sur Tell’Andra, la pomme de terre est endémique de l’archipel de Nadil’Anaï (d’ailleurs, là-bas, la pomme de terre s’appelle la kuzaï) et il existe des routes commerciales entre les Idaliens et les Nadiliens depuis 250 ans. Parmi les produits importés par les elfes à cette époque en Idalie, on compte la pomme de terre, le manioc, certaines essences de bois (comme l’acajou ou le teck), des herbes médicinales (comme le ginko biloba, le ginseng)… Si certaines plantes ont réussi à pousser sur les terres idaliennes (comme la patate), d’autres n’ont pas réussi à survivre.
A partir de là, il est aisé de penser que la population idalienne, qui mangeait déjà certains légumes frits avant l’arrivée de la patate dans leurs assiettes, n’ont pas traîné à faire frire le bulbe à son tour.
Les raisons pour lesquelles il n’y avait pas de baies vitrées dans l’Europe du Moyen-Âge est due à la fragilité du matériau qui résistait mal aux intempéries, au coût (ça coûtait cher), à l’isolation (pas de double-vitrage à l’époque, je vous laisse imaginer comment on se les caillaient en hiver). Pourtant, n’oubliez pas que le Moyen-Âge est l’âge d’or de l’art du vitrail et les grands vitraux qui ornent certaines imposantes cathédrales datent bel et bien du Moyen-Âge.
Or, en Idalie, tous ces facteurs n’existent (presque) pas : la résistance du verre est garantie par un savoir-faire ancestral développé par les Nains qui travaillent le verre depuis près d’un millénaire ; le coût reste élevé, c’est pour ça qu’en Idalie vous ne trouverez de baies vitrées que dans les riches demeures (comme un château royal) ; l’isolation ne pose pas de problème puisque la Magie permet de limiter les pertes de chaleur.
Ensuite, j’aimerais rappeler que le château de Lyanthara a été conçu davantage sur un modèle renaissance que sur un modèle médiéval, et que les baies vitrées sont apparues à la Renaissance et bien avant en Orient. Une baie vitrée n’est donc pas si anachronique que ça en Idalie.
Pour vous illustrer ça, voici une baie vitrée (ou un oriel) qui date du début du XVIe siècle, soit début des années 1500 (ce qui n’est pas encore la Renaissance). Il s’agit d’un exemple d’oriel sur l’église anglicane St Bartholomew-the-Great à Londres :
J’ai écrit cet article pour vous rappeler que vous ne devez pas vous arrêter à la vérité historique lorsque vous créez un univers (ou que vous lisez ceux des autres). Si vous le faites, vous passerez votre temps à relever des erreurs qui n’en sont pas parce que le monde dans lequel se déroule le récit a eu une évolution différente du nôtre ou tout simplement parce que la monde est totalement fantasmé.
Le plus important c’est que le monde que vous créez ou que vous lisez soit cohérent, et ce, même si vos héros mangent des patates dans un temps qui ressemble au Moyen-Âge ou contemple un couché de soleil par une baie vitrée 😉