Quelle part de son monde montrer à son lectorat ?


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Aujourd’hui, on s’intéresse à la question de ce qu’il faut montrer à nos lecteurs et lectrices.

Faut-il tout leur montrer ? Y a-t-il des règles pour savoir ce qu’il faut monter ?

Non, il ne faut surtout pas tout montrer. Encore moins si l’on a créé un univers beaucoup plus vaste et étendu que ce dont le récit a besoin.

D’abord, ça risque d’ennuyer le lectorat de tout savoir. Livrer une trop grande quantité d’informations va le dérouter et le désintéresser du roman.

Ensuite, parce qu’il faut aussi laisser au lectorat la possibilité de s’approprier notre récit et d’extrapoler en suivant ses propres idées. Cette projection est indispensable pour créer un lien émotionnel entre le lectorat et notre roman.

Enfin, parce que l’auteur ou l’autrice doit toujours en savoir plus que son lectorat pour préserver une part de la magie du pacte de lecture.

En soi, il n’y a de nouveau pas de règle définie pour savoir quoi montrer ou ne pas montrer. Le dosage des informations que l’on transmet au lectorat dépend :

  • du récit en lui-même : on transmet les informations nécessaires à la compréhension de l’endroit ou des endroits où se déroule le récit, ainsi que celles qui permettent de comprendre les personnages, surtout les protagonistes.
  • de l’ambiance que l’on souhaite donner à notre roman
  • de la place que l’on souhaite laisser à l’imagination du lectorat à sa propre interprétation du récit, des personnages et de l’univers.

Mais si vous avez besoin d’une ligne directrice, pour ma part, j’aime bien partir sur la règle de l’iceberg. Et lorsque je crée beaucoup plus que nécessaire, alors j’applique la règle de l’horizon. — Cette dernière est tout à fait personnelle 😉

La règle de l’iceberg

Cette règle est directement tirée de la métaphore de l’iceberg qui dit que seule une petite partie est visible et le reste est caché.

J’ai appris cette métaphore sur la base qui dit 1/3 de l’iceberg est visible et les 2 autres tiers sont sous l’eau. D’autres l’ont apprise avec d’autres proportions, mais l’idée est la même.

Concrètement, avec cette règle je vous conseille de diviser votre univers en 3 tiers :

1er tiers : C’est la partie émergée de l’iceberg, ce que tout le monde sait et ce que tout le monde croit. Vous montrez ouvertement et explicitement cette part votre univers directement liée au récit et à vos personnages avec des descriptions, des histoires, des anecdotes, etc. Il peut s’agir de la version officielle d’un fait historique, de la description des paysages traversés, des anecdotes à propos d’un peuple lointain, des rumeurs à propos d’une créature légendaires…

2ème tiers : Ce sont les secrets connus uniquement de quelques personnes et les vérités derrière les rumeurs. Cette partie-là, vous, en tant qu’auteur ou autrice, êtes le ou la seule à savoir ce qu’il en est vraiment. Dans votre roman, vous les présenterez vaguement, vous les sous-entendrez grâce, par exemple, à un personnage qui émet une hypothèse qui parait réaliste. Typiquement, les règles de votre système de magie vont situer dans cette zone floue.

3ème tiers : Cette part-ci n’est ni révélée ni même sous-entendue dans votre roman. Il s’agit soit d’éléments que vous avez créés, mais qui ne sert pas votre récit ; d’éléments qui serviront pour un prochain récit ; ou des éléments que vous n’avez pas créés et dont vous n’avez qu’une vague idée.

En résumé : Il faut réellement montrer et expliquer 1/3, sous-entendre 1/3 et, en tant qu’autaire, être le ou la seule à connaître le dernier tiers.

Cette “règle” permet aussi de garder le lectorat loin des frontières de notre création et même de lui laisser croire que le monde est peut-être plus vaste que ce qu’on a créé en réalité.

La règle de l’horizon

Celle-ci je l’applique quand 1/3 des informations de mon univers représente déjà beaucoup trop de données. Typiquement, c’est la règle que j’applique pour ma série Neph et Shéa puisque Tell’Andra, mon univers, est destiné à être développé à travers une dizaine d’histoires.

Donc, dans ce cas-là, j’imagine ce que mes personnages voient jusqu’à la ligne d’horizon de plusieurs positions stratégiques de l’histoire et je me contente de parler de ce qu’ils savent de ce qu’ils voient et de ce qu’ils savent de ce qui se trouve un peu au-delà de cette ligne d’horizon.

Par exemple, si mes deux personnages principaux montent au sommet de la plus haute tour du château de Lyanthara — la capitale du pays dans lequel se déroule les deux premiers tomes—, ils verront d’un côté jusqu’à l’océan, mais ils savent que derrière l’océan se trouvent les Terres exotiques (dont ils connaissent pas mal de choses théoriques car ils s’y sont jamais allé) ; à l’Est de ces terres, il y a le désert de Ram’Kar et, au Nord des Terres exotiques, les Provinces draconiques. Mais ils ne connaissent quasiment rien de ce qui se trouve dans le désert ou dans les Provinces draconiques. Les seuls informations qu’ils possèdent sont que dans le premier, il y a des nomades et que dans les secondes, il y a des dragons.

Bien entendu, j’adapte aussi les informations données en fonction de l’éducation des personnages. Ainsi, mes deux personnages principaux, Neph et Shéa, connaissent plus de choses que l’aide de camp parce qu’ils sont issus de “la haute” et ont eu droit à un excellente éducation. Mais leurs connaissances sont historiques et théoriques, apprises dans des livres.

L’aide de camp issu de de la paysannerie ne connaît presque rien de ce qui existe à plus de 10km de son village d’origine.

Ensuite, il y a l’elfe baroudeur — Elladar — qui, lui, a quelques connaissances historiques, mais connaît davantage les traditions des autres peuples grâce à ses nombreux passages dans les tavernes.

Donc, même cette règle n’est pas empirique. Elle dépend :

  • de ce qui est nécessaire à l’histoire
  • de ce que connaissent les personnages
  • de ce que les lecteurs et les lectrices ont besoin de savoir à un instant T pour la compréhension du récit
  • de la tension dramatique et des enjeux narratifs (on peut cacher un élément ou, au contraire, donner une info qu’on comprendra plus tard)

Un autre point à prendre en compte : les éléments créés juste pour notre plaisir.

Il nous arrive, en tant qu’écrivain-e, de développer des “choses” (une anecdote sur un personnage, des événements historiques, des lieux…) qui ne servent pas le récit, mais que nous avons créés juste pour nous faire plaisir. Ces éléments-là ne doivent pas être pris en compte dans les informations importantes mais peuvent tout de même être cités au détour d’un dialogue ou d’une visite, par exemple. Mais il ne faut surtout pas s’appesantir dessus si ça n’a pas d’intérêt pour le récit ou pour mieux comprendre un personnage.

Ces aspects plus personnels que vous créez pour vous, ces easter eggs, doivent servir à ajouter du détail à votre univers pour ajouter de la vraisemblance, créer de l’attachement chez les lecteurs et les lectrices ou participer à l’ambiance. Ce ne sont pas des informations à proprement parler.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Si l’article vous a plu, je vous invite à vous abonner à mes réseaux pour ne pas rater les suivants 😉

Là dessus, je vous laisse et vous dis à la prochaine !

Prenez soin de vous.

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