Que signifie vraiment “créer un monde cohérent” ?

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Depuis les débuts de Monde Fantasy et surtout depuis le début de cette série d’articles à propos du worldbuilding, j’insiste très lourdement sur le fait qu’il faut absolument que votre monde soit cohérent (et aussi vraisemblable, mais on en a déjà parlé).

Mais de quoi parle-t-on lorsqu’il est question de la cohérence interne d’un univers ? Qu’est-ce que cela implique ? Pourquoi est-ce obligatoire de respecter cette cohérence interne ?

Définition de la cohérence interne

La cohérence interne d’un univers fait référence à la logique et au fonctionnement de l’univers.

Cela signifie que les règles sociales, les lois physiques, les cultures, les systèmes de magie et même les caractéristiques physiques des personnages et des créatures doivent se conformer et respecter un ensemble de règles et de critères que vous aurez défini.

Un monde cohérent possède donc une logique interne solide. Si un élément spécifique fonctionne d’une certaine manière dans ce monde, il doit continuer à fonctionner de la même manière ; à moins qu’il y ait une explication convaincante à un éventuel changement.

En d’autres termes, un univers cohérent est un puzzle complexe où toutes les pièces s’ajustent parfaitement entre elles en un tableau harmonieux et vraisemblable.

L’Importance de la cohérence interne

Créer un monde cohérent implique d’établir une harmonie entre les divers éléments qui composent le monde en question. Chaque aspect doit s’imbriquer naturellement avec les autres, sans créer de contradictions.

Cela permet notamment d’éviter les deus ex machina, aussi appelés TGCM (”Ta queule, c’est magique”) et TGCQ (”Ta gueule, c’est quantique” en SF), et autres solutions faciles où des événements miraculeux surgissent de nulle part pour résoudre les problèmes des personnages. Au lieu de cela, les défis et les résolutions doivent émerger naturellement à partir des caractéristiques établies monde.

La cohérence apporte également de la vraisemblance, de la pertinence et de l’immersion. Une cohérence et une logique internes solides rendent l’univers crédible aux yeux du lectorat et cela participe à son immersion, et ce, même si les univers en eux-mêmes sont totalement loufoques.

Enfin, n’oublions pas la satisfaction des lecteurs et des lectrices. C’est très appréciable de plonger dans un univers où les éléments ne surgissent pas de façon arbitraire et impromptue, mais sont logiques et même attendus pour la plupart.

Ce que la cohérence interne englobe

Elle regroupe absolument tous les aspects de l’univers puisqu’elle est la garante de la coordination des éléments de l’univers pour faire en sorte que ce dernier soit compréhensible, vraisemblable et pertinent.

Ainsi, elle régit :

• La Magie : le système de magie doit être défini par des règles qui expliquent et dictent son fonctionnement. Ces règles doivent être respectées tout au long du ou des romans qui prennent place dans un même univers.
• Les Nations, cultures et sociétés : les coutumes, les langues, les croyances et les structures sociales doivent être développées de manière à respecter l’ambiance générale que vous souhaitez donner à votre univers.
• La Géographie et l’écologie : les lieux, les climats, les faunes, les flores, les reliefs, etc. doivent suivre des règles logiques (qui peuvent être propres à votre univers) entre eux afin d’être crédibles.
• Le Lore : l’Histoire de votre monde doit refléter et expliquer l’état actuel de ce dernier.
• Les Races et personnages : vous devez respecter les caractéristiques physiques et métaboliques que vous avez décidées pour vos races et vos personnages.

Quelques exemples d’incohérences

Il est important de rappeler que les exemples que je cite dans ce point ne sont pas généraux, ils ne valent que dans le contexte que j’expose ou dans des contextes similaires.

• Le non-respect des contreparties de la magie : c’est probablement l’exemple le plus classique puisque, très (trop) souvent, les Élu-e-s ont, grâce à la singularité de leur pouvoir, cette capacité à transcender les lois mêmes de la Magie pour passer outre cette règle des contreparties. — C’est dans ces cas-là qu’une partie du lectorat (dont je fais partie) lève les yeux au ciel et décroche en se disant “Encore…”
• Les personnages qui vont à l’encontre de la pensée ancestrale sur un coup de tête : si une culture est adepte des sacrifices humains, par exemple, un personnage ne peut pas se réveiller un matin en pensant que les sacrifices c’est mal. Il faut qu’il y ait eu une évolution dans sa pensée. Soit on la suit dans le récit, soit on l’explique si elle s’est produite avant le récit, elle ne peut pas tomber du ciel. Quoique… 😉
• Des caractéristiques raciales qui se contredisent : par exemple, vous avez expliqué que tou-te-s les elfes ont des yeux bleus ou verts et, à un moment, on croise une elfe avec des yeux marrons sans qu’il n’y ait d’explications.
• Les incohérences temporelles : si le récit se déroule dans un univers médiévalisant, l’apparition soudaine d’appareils hi-tech sans explication plausible est une incohérence.
• Les incohérences historiques : des pays ennemis jurés depuis des siècles qui décident, sur un coup de tête, de faire la paix sans raison.
• Le lore qui change sans raison : quand un même événement historique est raconté de manière différente sans raison, juste pour présenter une version qui arrange l’écrivain-e au moment opportun.
• Des descriptions physiques de personnage qui changent en cours de route : à la page 56 votre personnage a une cicatrice sur la joue gauche, mais à la page 234, la cicatrice est passée sur la joue droite.
• etc.

Et si les règles du monde changent au cours du récit ?

Il est parfaitement envisageable que les règles de votre monde évoluent au fil de votre récit. Parfois, cela peut même être l’enjeu central de votre intrigue.

Dans ces cas-là, les changements doivent toujours se produire en suivant la logique préétablie de votre univers et doivent être rigoureusement expliqués dans le récit. Ils ne peuvent pas se produire d’un seul coup sans explications, cela briserait le pacte de lecture.

En conclusion, la cohérence interne est le ciment qui maintient l’édifice d’un univers de fantasy. Elle transforme un simple décor en un véritable écosystème narratif où chaque élément trouve sa place et son rôle.

Elle est également la condition indispensable pour écrire un roman immersif, captivant, vraisemblable et pertinent dans lequel les lecteurs et les lectrices auront plaisir à se plonger.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.

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