La Chevalerie


Aujourd’hui, on parle d’un sujet qui fascine, qui nourrit l’imagination et les rêves : la chevalerie.

Une caste qui en fait rêver plus d’un et plus d’une et qui a inspiré nombres d’histoires et de légendes. Dois-je vous présenter les remarquables récits des fameux chevaliers de la Table Ronde ? Qui n’a jamais entendu un récit de chevalier combattant des dragons ?

Le chevalier et la chevalerie au code d’honneur inébranlable font partie intégrante de notre imaginaire collectif grâce aux récits moyenâgeux qui relatent leurs exploits.

Mais qu’était vraiment la chevalerie ? En quoi consistait le fameux code d’honneur du chevalier ?

La chevalerie ou l’aristocratie niveau 1

La chevalerie est le rang le plus bas de la noblesse moyenâgeuse. Historiquement, c’est également la chevalerie qui créa le principe des blasons.

Elle se compose des chevaliers qui sont des combattants à cheval — par opposition à la piétaille qui sont les combattants à pieds — et qui sont les seuls personnes autorisées à porter une épée.

La chevalerie a peu à peu développé ses valeurs et ses coutumes propres, sous l’influence notamment de l’Église et de la « courtoisie » (la « fin’amor ») des troubadours et trouvères. D’une fonction militaire au service de son suzerain, la chevalerie est devenue une fraternité, puis un groupe social, enfin une institution. Certaines traditions sont remarquables, notamment la cérémonie de l’adoubement. Les vertus traditionnelles de la chevalerie, vues par la littérature, sont de nobles sentiments tels la piété, l’humilité, la bravoure, la courtoisie, la foi et l’honneur. Ce groupe social va progressivement devenir un idéal à suivre, un modèle, une institution, elle devenait la marque de la noblesse. Puis le titre de chevalier se banalise, étant acquis, moyennant finances, par les bourgeois enrichis des villes devenues prospères, et ne devenait plus guère qu’un terme honorifique. Ces ordres ont évolué progressivement vers les ordres honorifiques par sécularisation ou en ordres dynastiques.

Dans son Dictionnaire ecclésiastique et canonique portatif, Bernard de Clairvaux distingue 4 espèces de chevaliers :

  • le chevalier régulier
  • le chevalier militaire
  • le chevalier honoraire
  • le chevalier social

Les chevaliers réguliers sont aussi appelés chevaliers du Christ et font partie d’un ordre religieux-militaire. Typiquement, ce sont les Templiers (qui font partie de l’Ordre du Temple) ou les Croisés, par exemple. Ils ont juré fidélité à l’Église. Les chevlaiers réguliers ne sont pas à confondre avec les moines-soldats qui, eux, sont d’abord des hommes de foi avant d’être des combattants.

Les chevaliers militaires sont des chevaliers laïcs (qui ne font pas partie d’un ordre religieux) qui participent à un ordre de chevalerie comme les ordres constitués en Europe par un suzerain. Ce sont ces cavaliers qui sont à l’origine de la chevalerie. Les chevaliers servaient dans l’armée de leur suzerain féodal, c’est-à-dire leur seigneur, roi ou empereur. Ils suivaient un code d’honneur, inspiré des vertus chrétiennes, consistant en principe à protéger le faible et l’opprimé. Cherchant principalement la gloire personnelle lors des opérations militaires, ils étaient souvent peu disciplinés et chargeaient en désordre à la vue de l’ennemi. Ils s’équipaient eux-mêmes, leurs armures, armes et destriers étant entièrement à leur charge.

Les chevaliers honoraires sont des chevaliers décorer mais qui ne sont pas de véritables chevaliers dans le sens où ils ne sont pas de véritables combattants.

Les chevaliers sociaux sont des chevaliers qui se rassemblaient dans un pseudo-ordre (un ordre non reconnu officiellement) le plus souvent dans un but bien précis. Une fois que ce but est atteint, le pseudo-ordre était dissout.

Quotidien, adoubement et tralala

Tous les chevaliers n’étaient pas « guerriers à plein temps » : il existait même des chevaliers-paysans autour de l’an mil, vivant en bande dans de grosses maisons fortes. Le chevalier fréquente souvent son suzerain et adopte un train de vie presque similaire tout en restant moins fastueux, et est souvent lui-même seigneur d’une terre modeste. La chevalerie a été pour certains hommes du début du XIe siècle un ascenseur social, mais une fois l’agrégation entre cet ordre et la noblesse consommée, moins d’un siècle après, ce ne sera plus le cas. À l’inverse, nombre de chevaliers sont par la suite issus de familles nobles : ils en sont les cadets célibataires et sans héritage, voire les bâtards reconnus par un père noble. Au début du XIIIe siècle, des législations royales de France, d’Allemagne et d’autres royaumes d’Europe disposent que l’on ne peut accéder à l’honneur chevaleresque que si l’on est soi-même de lignée chevaleresque, fixant légalement la règle suivie par tradition depuis déjà près de deux siècles.

L’adolescent, le bachelier, fils de chevalier, accède lui-même à ce titre et à cet état après un apprentissage et une cérémonie appelée adoubement. Avant l’adoubement, vers l’âge de sept ans, il est placé chez un seigneur qui sera son parrain. Il y gravit tous les degrés de l’éducation qui vise à en faire un guerrier : le galopin (il nettoie l’écurie), le page (il s’occupe des chevaux, est au service de la dame du château, suit un entrainement équestre, apprend à chasser) et enfin l’écuyer ou le damoiseau (il aide les chevaliers au tournoi et à la guerre, et il a l’immense privilège de lui porter son écu).

Vers 17-21 ans, on l’adoube au cours d’une cérémonie officielle à laquelle de nombreux nobles assistent et qui consiste à consacrer un homme comme chevalier du roi. L’adoubement, qui marque le passage de l’état d’écuyer à celui de chevalier, a lieu en général en septembre ou en octobre — c’est la rentrée pour tout le monde, même pour les chevaliers ! 😉

La nuit précédent son adoubement, le chevalier passe une nuit de prière dans une chapelle en compagnie de son parrain, revêtu d’une tunique blanche, avec une croix rouge, le blanc symbolisant la clarté et le rouge symbolisant le sang que le chevalier est prêt à verser. Puis le seigneur organise une fête dans son château, à laquelle les vassaux du roi sont conviés. Au fond du château, sur une estrade, l’écuyer était prêt à se faire adouber chevalier. Agenouillé, le bachelier prête à haute voix le serment des chevaliers (v. ci-dessous), une main sur l’Évangile ; ses armes de chevalier — qu’il a payées de sa poche — lui sont ensuite remises par son seigneur et parrain, bénies par l’Église qui encadre la cérémonie. Une fois revêtu de son équipement, il s’agenouille à nouveau pour recevoir l’accolade.

Après la cérémonie, on organise des tournois auxquels se joignent les chevaliers adoubés et les vassaux du seigneur et des banquets pour célébrer l’occasion. La cérémonie de l’adoubement confère à celui qui le reçoit un pouvoir principalement militaire puisqu’il obtient le droit de ban (rassemblement de l’ost, autrement dit de l’armée) pour partir en campagne militaire mais également un caractère plus politique et judiciaire puisqu’il accède à la fonction de gouvernement des hommes soumis à sa juridiction, à son pouvoir. L’Église a aussi voulu donner une portée idéologique à cette cérémonie sans toutefois y parvenir pleinement.

Le serment du chevalier est un serment prononcé à voix haute par le chevalier lors de son adoubement :

  1. Tu croiras à tous les enseignements de l’Église et tu observeras ses commandements.
  2. Tu protégeras l’Église.
  3. Tu défendras tous les faibles.
  4. Tu aimeras le pays où tu es né.
  5. Tu ne fuiras jamais devant l’ennemi.
  6. Tu combattras les infidèles avec acharnement.
  7. Tu rempliras tes devoirs féodaux, à condition qu’ils ne soient pas contraires à la loi divine.
  8. Tu ne mentiras jamais et tu seras fidèle à ta parole.
  9. Tu seras libéral et généreux.
  10. Tu seras toujours le champion du droit et du bien contre l’injustice et le mal.

Si le chevalier manque à son serment, il est proclamé indigne d’être chevalier. Il est conduit sur une estrade, son épée est brisée et piétinée, son blason est attaché à un cheval et trainé dans la boue. Tous peuvent l’injurier. On le met sur une civière, puis on le recouvre d’un drap noir et on le porte à l’église comme un mort. On récite les prières des défunts : il est mort comme chevalier et banni toute sa vie.

Le chevalier est un professionnel de la guerre, un soldat au service d’un seigneur. Il est propriétaire d’armes offensives et défensives (épée, lance, bouclier, armure,…) qu’il lui faut souvent remplacer après un combat. Il doit donc gagner de l’argent. Les tournois et les joutes sont une manière de gagner de l’argent et de s’amuser. Les guerres au Moyen Âge ne sont pas si fréquentes. De plus, on ne se bat pas l’hiver, ni pendant les périodes saintes (Avent, Carême). L’Église a défini depuis la fin du Xe siècle des paix de Dieu et des trêves de Dieu pour limiter les guerres. Le tournoi est donc une occasion de remporter une rançon, de confisquer chevaux et armes des chevaliers vaincus,… Il est aussi une façon de ne pas perdre la main pendant les périodes sans combat et de se distinguer auprès d’une dame. Les chevaliers aiment les tournois car ils s’y amusent et se sentent dignes d’y mourir l’épée à la main. Le chevalier vit souvent au château et doit être fidèle à son seigneur, lorsqu’il est vassal. Néanmoins, il ne faut pas confondre vassal et chevalier.

L’équipement du chevalier

L’équipement étant aussi lourd que coûteux, les chevaliers ne pouvaient enfiler leur armure seuls, et le prix de l’équipement était à lui seul un obstacle de taille à l’époque où tout le monde pouvait devenir chevalier. Vers le XIVe siècle, chaque pièce de l’équipement a commencé à avoir une valeur symbolique :

  • Les heaumes (casques) : l’espérance, l’intelligence, la pudeur.
  • Les cuirasses (plastrons) : la prudence, la piété, la protection contre le vice et l’erreur.
  • Les gantelets : la justice, la science, le discernement, l’honneur.
  • Les épées, forgées durant plusieurs semaines par un forgeron du château : la force, la puissance et le sacrifice, la destructrice du Mal, de l’injustice et de l’ignorance, la constructrice — quand elle maintient la paix de Dieu et répartit la justice —, le lien du Ciel et de la Terre (car elle est le symbole polaire et axial) et de beaucoup d’autres encore.
  • Les écus (boucliers) : la foi, le conseil, la protection contre l’orgueil, la débauche et l’hérésie.
  • La lance : la charité, la sagesse, la droite vérité.

Le poids de l’armure atteint 20 à 25kg, ce qui correspond au poids moyen de l’équipement porté par les soldats de toutes les époques. Il y a une quinzaine de pièces principales et une centaine au total. La qualité de la monture jouait aussi un rôle important car, démonté, un chevalier équipé se déplaçait plus lentement et perdait une grande partie de la force d’impact de la charge. Cependant il n’est pas rare que par choix stratégique au cours d’une bataille les chevaliers chargeaient à pied.

Les vertus et devoirs du chevalier

Les devoirs

La remise des armes lors de l’adoubement a une importance majeure car elle signifie pour le chevalier certains devoirs et fonctions à respecter. En effet, la remise de l’épée signifie pour le chevalier l’exercice de la force armée, à savoir le maintien de la paix et de l’ordre public mais aussi le soutien et la protection de l’Église et des faibles, la fonction religieuse tenant une place centrale dans l’exercice des fonctions du chevalier. Enfin, être chevalier, c’est aussi défendre le royaume contre les ennemis extérieurs, souvent assimilés aux païens. Ce caractère religieux de l’adoubement est très prononcé. Les chevaliers ainsi que leurs armes sont bénis par les ecclésiastiques. Les rites de l’adoubement tiennent également un caractère religieux, par exemple la veillée de prières qui précède la cérémonie ou encore un bain rituel. En résumé, les chevaliers sont au service de Dieu, de leur seigneur et de leur roi. À cette idéologie morale s’ajoute une tonalité nobiliaire. En effet, en devenant chevalier, on entre dans un ordre plus élevé, proche de l’aristocratie. De fait, le chevalier tend à s’élever dans la société et à se rapprocher de la noblesse et donc à s’éloigner du peuple.

Les vertus chevaleresques

Loyauté : Le chevalier devait toujours être loyal envers ses compagnons d’armes. Que se soit pour la chasse ou pour traquer un ennemi, le chevalier doit être présent au combat jusqu’à la fin avec ses compagnons, prêt à les aider en tout temps avec vaillance.

Prouesse : Le chevalier devait être preux et posséder une grande vigueur musculaire. La force de l’âme était aussi très importante afin de combattre les redoutables adversaires qu’il rencontrerait lors de ses quêtes. Il devait les combattre pour le service de la justice et non par vengeance personnelle.

Sagesse et Mesure : Le chevalier devait être sage et sensé afin d’empêcher la chevalerie de basculé dans la sauvagerie et le désordre. Le chevalier devait avoir le contrôle sur sa colère, sa haine. Il devait rester maître de lui-même en tout temps. Les échecs étaient donc de mise pour le chevalier afin d’exercer l’agilité intellectuelle et la réflexion calme.

Largesse et Courtoisie : Un noble chevalier devait partager autant de richesses qu’il possédait avec amis et paysans sous son aile. Lorsqu’il se rendait à la cour, il devait faire preuve de courtoisie. Il s’efforçait de se faire aimer par sa dame en étalant devant elle toutes ses prouesses. Il devait aussi la servir fidèlement. La noblesse purifiait en quelque sorte l’âme du chevalier.

Justice : Le chevalier doit toujours choisir le droit chemin sans être encombré par des intérêts personnels. La justice par l’épée peut être horrible alors l’humilité et la pitié doivent tempérer la justice du chevalier.

Défense : Un chevalier se doit de défendre son seigneur et ceux qui dépendent de lui. Il doit toujours défendre sa nation, sa famille et ceux en qui il croit fermement et loyalement.

Courage : Un chevalier se doit de choisir le chemin le plus difficile et non le chemin guidé par ses intérêts personnels. Il doit être prêt à faire des sacrifices. Il doit être à la recherche de l’ultime vérité et de la justice adoucie par la pitié.

Foi : Un noble chevalier doit avoir foi en ses croyances et ses origines afin de garder l’espoir.

Humilité : Le chevalier ne doit pas se vanter de ses exploits, mais plutôt laisser les autres le faire pour lui. Il doit raconter les exploits des autres avant les siennes afin de leur donner le renom dont il mérite.

Franchise : Le chevalier devait parler le plus sincèrement possible.

Voilà, j’espère que cet article vous a plu et qu’il vous inspirera pour certains de vos (futurs) personnages.

Je vous avoue que le chevalier est une figure emblématique qui m’a toujours fascinée. Qu’en est-il pour vous ?

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