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Aujourd’hui, j’entame une série de 3 articles sur comment surmonter certains blocages d’écriture. Sujet que j’ai approfondi dans mon livre Surmontez les obstacles et écrivez enfin votre roman !
Dans cet article, j’aborderai le thème du début de l’écriture d’après les deux formes du problème que j’ai croisées, c’est-à-dire :
La première difficulté à surmonter lorsque l’on est un-e écrivain-e débutant-e, c’est de connaître sa nature d’écrivain-e. C’est-à-dire de savoir si on est davantage scriptural-e (jardinier ou jardinière) ou structural-e (architecte), si les plans et les fiches nous rebutent ou si, au contraire, on en a besoin. Malheureusement, je ne connais pas de recette miracle pour que vous puissiez le savoir avant de vous lancer dans l’écriture. La seule chose que je peux vous conseiller est de vous lancer et de tester différentes manières de faire. Il n’y a que la pratique qui pourra vous révéler votre nature.
Cependant, dans tous les cas, un minimum de préparation est nécessaire avant de se lancer dans l’écriture. Il vous faut commencer par :
Une fois que vous aurez rempli toutes ces étapes, vous pourrez passer à la suivante, la rédaction. Et peut-être que ce que je vais vous dire ci-dessous vous concernera aussi. Bien que je ne vous le souhaite pas.
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Le passage de la préparation à la rédaction est souvent un passage délicat. D’une part parce que cela demande de changer d’état d’esprit (il faut passer du mode écriture documentaire à celui de écriture littéraire), d’autre part, parce qu’on ne sait pas toujours par quoi commencer, quel incipit choisir, quelle fonction donner à ses premiers mots.
Le tout premier conseil que je veux vous donner est de vous souvenir que ce que vous vous apprêtez à écrire n’est que votre premier jet, votre brouillon de roman. De ce fait, comme tous les brouillons, vous devrez le mettre au propre quand vous aurez fini. Dès lors, vous aurez la possibilité de le réécrire, voire de le changer plus tard s’il ne vous plaît pas.
Vos premiers mots n’ont donc aucun besoin d’être parfaits et encore moins utiles. Vous pourriez très bien décider par la suite de le modifier de fond en comble, voire de le supprimer pour en écrire un nouveau. Mais qu’importe ? Ce qui est primordial, c’est que vous ayez de la matière à travailler. Et ça, vous n’en aurez qu’en écrivant votre livre.
Si vous vous rendez compte que votre scène d’ouverture est bateau, que la suite n’est pas cohérente, que le rythme est inégal… ce n’est pas grave puisque vous le corrigerez pas la suite.
Rappelez-vous que lorsque l’on écrit une dissertation, on finit toujours par l’introduction. Il en va de même pour les romans : vos premiers mots ne sont là que pour vous mettre sur les rails, pour que vous ayez un début de quelque chose. Ce ne sera qu’à la fin que vous reprendrez cette introduction, puisque ce ne sera qu’une fois votre roman fini que vous aurez une vue globale qui vous permettra de savoir exactement de quel incipit votre roman a besoin.
En résumé : posez vos premiers mots et faites-vous confiance, avancez sans vous poser de questions. Vous aurez tout le temps nécessaire pour tout reprendre plus tard. Il est primordial que vous réussissiez à lâcher prise à ce moment de la rédaction.
La deuxième chose qui est beaucoup revenue dans vos commentaires, c’est le trop-plein d’idées.
Vous vous mettez à écrire et les idées continuent ou recommencent à affluer, ce qui vous oblige à reprendre tout ou partie de votre projet. Selon moi, il y quatre raisons principale pour lesquelles ça arrive.
Il y a plusieurs cas de figure :
Cela peut paraître paradoxal avec ce que j’ai dit plus tôt, mais avoir trop cadenassé son plan peut aussi être un motif qui vous empêche de commencer à écrire. Cela peut vous apeurer de ne pas savoir tenir ce plan ou parce que, inconsciemment, vous vous sentez emprisonné-e dans ce plan.
Dans ce cas, la meilleure chose à faire est de préparer votre roman différemment. Au lieu d’établir un plan complet et immuable, faites un plan à trous, ne marquez, succinctement, que les grandes étapes de votre histoire et ne remplissez pas le reste, laissez venir le reste à la rédaction.
Il y a également le plan sous forme de l’arborescence des possibles, c’est-à-dire que vous faites plusieurs plans pour une même histoire en envisageant plusieurs déroulements de l’intrigue que vous choisirez au fur et à mesure que vous avancerez dans la rédaction.
Enfin, la dernière manière, construisez votre intrigue au fur et à mesure que vous écrivez votre histoire.
Il faut savoir qu’aucune loi ne vous impose de commencer la rédaction de votre roman par le début, surtout si ce n’est pas le passage qui vous inspire le plus.
Vous pouvez parfaitement débuter l’écriture de votre roman par la scène qui vous parle le plus en vous rappelant qu’elle n’est pas gravée dans le marbre. Plus tard, vous aurez toujours la possibilité de la déplacer à un autre endroit de votre intrigue (voire dans un autre tome de votre série si vous en écrivez une), de la réécrire et même de la supprimer.
La dernière chose dont vous m’avez parlé, c’est la peur de ne pas réussir à écrire votre roman jusqu’au bout, alors vous ne vous lancez pas. C’est bien connu : si on n’essaie pas, on n’échoue pas.
Mais si on n’essaie pas, on ne réussit pas non plus.
L’écriture est un art qui demande, entre autres, de la préparation (un minimum du moins) et de la persévérance, et ce, quelle que soit notre nature d’écrivain-e. Si vous avez suffisamment préparé votre roman (ce que vous aviez besoin de préparer, tout du moins) et que vous vous sentez motivé-e, voire investi-e par votre histoire et vos personnages, il n’y a pas de raison que vous n’y arriviez pas.
Cette peur de ne pas finir vient souvent du fait qu’on conçoit l’écriture d’un livre comme un énorme bloc à traiter en une seule fois, une sorte de montagne qui nous semble infranchissable. Pourtant un roman n’est pas si différent d’une montagne et il y a des personnes qui arrivent à grimper jusqu’au sommet de ces montagnes. Elles y arrivent en avançant un pas après l’autre. Un roman s’écrit exactement de la même manière : un mot après l’autre. Ne concevez pas votre histoire comme une grosse tâche à effectuer en une seule fois, mais comme un assemblage de plein de petites tâches. Vous pouvez ainsi tenir un journal d’écriture où vous décomposerez votre roman en chapitres, en étapes ou en scènes et vous verrez que cela vous paraîtra tout de suite beaucoup moins impressionnant.
Personnellement, je préfère le découper en unité de temps et de mots. Je me fixe un calendrier prévisionnel en commençant par me fixer un objectif de mots à atteindre (dans mon cas, je vise toujours 80 000 mots, même si je sais que je les dépasse toujours), puis un nombre de mots minimum à écrire par session d’écriture (500 mots, alors que ma vitesse moyenne est de 800 mots par heure, mais il m’arrive d’avoir des coups de mou où je ne parviens pas à 500 mots ou difficilement). Je sais donc qu’il me faudra 160 sessions d’une heure pour écrire mon roman. Comme j’écris du lundi au vendredi, un rapide calcul me dit qu’il me faudra 32 semaines pour écrire mon roman, soit à peu près 7 mois. Ça devient tout de suite beaucoup moins impressionnant dès que c’est quantifié de la sorte, non ?
En gestion de projet, lorsque l’on se fixe des objectifs, la première règle est qu’il faut que ces objectifs soient quantifiables. Écrire un roman n’est pas très différent de la réalisation d’un projet, il est donc important de quantifier son roman, même si on sait que ce que l’on mettra ne sera pas respecté, au moins on a un but clair et défini et on n’a pas l’impression d’avancer à tâtons dans le brouillard. C’est très important pour ne pas se décourager.
Plus tôt, je vous parlais de l’incipit. Mais qu’est-ce donc ?
Selon les définitions, l’incipit peut autant désigner la première phrase du roman, que le premier paragraphe ou encore le premier chapitre si ce dernier est court. Ces premiers mots que vos lecteurs et vos lectrices rencontreront ont plusieurs fonctions :
Vous disposez de plusieurs manières de commencer votre récit :
Voici un tableau comparatif pour que vous puissiez vous faire une meilleure idée des différents types d’incipit :
Dramatisation immédiate | Dramatisation retardée | |
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Saturation informative | incipit progressif Émile Zola : Germinal « Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d’une obscurité et d’une épaisseur d’encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. » | incipit statique Honoré de Balzac : Le Père Goriot « Madame Vauquer, née de Conflans, est une vieille femme qui, depuis quarante ans, tient à Paris une pension bourgeoise établie rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre le Quartier latin et le faubourg Saint-Marceau. » |
Raréfaction informative | incipit dynamique André Gide : Les Faux-Monnayeurs « ‘C’est le moment de croire que j’entends des pas dans le corridor’, se dit Bernard. Il releva la tête et prêta l’oreille. Mais non : son père et son frère aîné étaient retenus au Palais ; sa mère en visite ; sa sœur à un concert ; et quant au puîné, le petit Caloub, une pension le bouclait au sortir du lycée chaque jour. » | incipit suspensif Beckett : L’Innommable « Où maintenant ? Quand maintenant ? Qui maintenant ? Sans me le demander. Dire je. Sans le penser. Appeler cela des questions, des hypothèses. Aller de l’avant, appeler ça aller, appeler ça de l’avant. Se peut-il qu’un jour, premier pas va, j’y sois simplement resté, où, au lieu de sortir, selon une vieille habitude, passer jour et nuit aussi loin que possible de chez moi, ce n’était pas loin. Cela a pu commencer ainsi. Je ne me poserai plus de question. » |
Le début de votre nouvelle ne doit pas nécessairement correspondre à votre situation initiale. Vous pouvez très bien commencer votre récit par l’élément déclencheur et incorporer des flashbacks ou faire raconter la situation initiale par l’un de vos personnages un peu plus tard. Veillez toutefois à ne pas l’exposer trop tard. Vous pouvez aussi distiller les informations au fil du récit afin de faire planer une sorte de mystère au-dessus de votre personnage principal, par exemple.
Note : ce passage à propos de l’incipit est issu de mon guide Écrire une nouvelle en 7 jours.
J’espère que cet article vous aura aidé si vous ne saviez pas par où commencer votre roman.