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Aujourd’hui, je vous réponds !
Ça fait très discours politique, non ? ^_^
Voici donc la première série de questions que vous m’avez posées durant la FAQ. Je dis première série car vous m’avez posé beaucoup de questions dont certaines demandaient de longues réponses (certaines feront d’ailleurs l’objet d’articles entiers).
Il y a quatre séries, chacune portant sur un thème différent, à savoir : l’écriture de la Fantasy (cet article-ci), l’écriture en général, le blog et la Fantasy et les questions personnelles.
Oui, bien sûr !
Il est fréquent de voir des auteurs francophones traduits dans d’autres langues européennes comme l’allemand, le tchèque, l’espagnol… En anglais pour une exportation outre-Manche et outre-Atlantique, cela arrive aussi, mais ça reste rare. D’abord parce que les marchés de SFFF britannique et américain sont déjà submergés par leur propre production, ensuite parce qu’ils sont peu ouverts aux cultures étrangères. C’est surtout le cas pour les Américains, même si ça dépend beaucoup des États (certains sont plus ouverts que d’autres). Je sais que Pierre Pevel a été traduit en anglais et est vendu aux États-Unis.
Je rappelle vite fait ce qu’est le sense of wonder : il s’agit du sentiment de vertige et d’émerveillement que le lecteur/spectateur éprouve face à l’explication rationnelle de la merveille constitutive du récit de science-fiction.
En gros, c’est quand, après 7 pages de bulles explicatives d’un tome de Balck et Mortimer, vous vous dites OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! avec l’impression d’avoir bu quelques verres de trop.
(Et avec cet exemple de Black et Mortimer, je me dis que je dois avoir perdu les lecteurs du blog qui ont moins de 25 ans… THE coup de vieux…)
Bref !
Du coup, comment écrire de la Fantasy qui émerveille sans tomber dans les clichés… Et bien… Je pense que c’est un peu la question à 10 millions d’Euro qui est un peu la jumelle de « Comment écrire un best-seller ? » (question à laquelle j’ai déjà répondu dans les articles Ma recette miracle pour écrire des best-seller et Les best-seller).
Quant à éviter les clichés, je pense qu’il faut juste réfléchir en écrivant et ne pas tomber dans les facilités. Je sais que c’est facile de dire qu’il « suffit » de réfléchir en écrivant et en construisant son intrigue et ses personnages. Pour moi, toutes les questions du sexisme, de l’épaisseur de nos personnages, de leur intérêt et rôle dans l’histoire sont à penser en amont, pendant la phase de préparation du récit.
J’ai écrit quelques articles sur ces différents sujets :
Et pour ce qui est de créer une Fantasy qui claque, c’est à l’appréciation de chacun. La première chose à savoir, c’est que nous sommes toujours de très mauvais juges de nos propres romans.
J’ai tout de même envie de vous dire que même si vous y mettez toutes vos tripes pour éviter de créer des personnages creux et/ou stéréotypés, il y aura toujours des lecteurs et des lectrices qui n’apprécieront pas vos personnages. Par exemple, pour moi, c’est sûrement le point le plus mitigé de mon roman, alors même que j’ai mis un point d’honneur à ne pas tomber dans un excès ou l’autre, à faire très attention à leurs réactions, à leurs comportements, à leurs manières d’être… Certain-e-s trouvent mes personnages géniaux, d’autres les trouvent plats et sans intérêts et d’autres encore les trouvent caricaturaux.
C’est pareil pour mon univers : on le trouve classique, banal, original ou classique avec des touches d’originalité. Personnellement, je voulais créer un univers façon « vieille école » de la Fantasy donc, on me dit qu’il est classique avec des touches d’originalité, je trouve que c’est ce qui le décrit le mieux de mon point de vue.
On ne fera jamais l’unanimité et il faut se le rappeler. Je pense donc qu’il ne faut pas penser aux autres quand on écrit (du moins, jusqu’à la phase de la bêta-lecture) et de surtout créer ce qu’on veut créer. Pour moi, qu’il n’y a qu’en croyant profondément à ce qu’on écrit, en l’univers que l’on crée, que l’on peut créer ce sense of wonder. Car comment émerveiller les autres avec nos écrits s’ils ne nous émerveillent pas nous-même ?
Cette question-là mérite un article entier…
Ce que je fais et que je conseille de faire, c’est de commencer par visualiser la scène. Ensuite, une fois qu’on voit vraiment ce que l’on veut écrire, de la faire défiler (dans sa tête) en une sorte de slow motion afin de pouvoir décomposer chacun des mouvements et de les décrire, quitte à trancher dans le vif à la relecture.
Ensuite, il y a quelques techniques stylistiques qui permettent de rythmer les scènes et d’appuyer les propos :
En ce qui concerne la description de l’utilisation de la magie, cela dépend du point de vue considéré. Si le point de vue est interne ou omniscient, c’est toujours sympa d’avoir une description des sensations du personnage quand il utilise son pouvoir. Si le point de vue est externe, il faut décrire ce que fait le personnage et les effets magiques qui en découlent.
Dans tous les cas, il faut toujours respecter la chronologie du combat : pour mes premières scènes de bataille, j’avais tendance à vouloir tout gérer en même temps. Je finissais, évidemment, par m’emmêler les pinceaux. Le mieux, c’est de vraiment prendre son temps pour écrire, étape par étape, ce qu’il se passe. Ce n’est pas parce qu’une scène de combat se lit vite qu’il faut l’écrire vite, c’est important de se le rappeler.
La dernière chose que je conseille, c’est de lire des scènes de combat et de les analyser, de vraiment bien observer les mots et les tournures de phrase utilisés afin de s’en inspirer.
Tout dépend de ce qu’on entend par noms réels 😉 Parmi les noms des personnages de mon roman très peu ont été inventés. Ça veut dire que Adelbeorth, Shéa, Kaïnan, Phaedra, Gareth, Taël, Maëryn, Edan, Dogan, Mervynn, Winandus, Will, Liam, Derryl, Ernest, Jacques, Marc, Maelia, Darius, Gawaïn, Nath… sont des prénoms qui existent. Et ça n’a choqué personne.
En revanche, je sais que certaines personnes sont dérangées par la présence de noms « modernes » pour l’un des personnages principaux dans un univers medfan. Nathalie Bagadey m’a confié qu’une de ses lectrices avait été dérangée par le fait que le personnage masculin de Tempétueuse Sylvine s’appelle Olivier parce que c’est un « vrai » prénom. Pourtant, Sylvine est aussi un vrai prénom (l’une des formes du féminin de Sylvain), Sopheline également, pareil pour Achille et pour d’autres personnages de ce même roman.
Je pense que ça peut éventuellement déranger si les noms sont des noms modernes et courants (comme Olivier justement). En revanche, si les noms sont rares et/ou vieux (comme c’est le cas pour le prénom Adelbeorth dans mon roman, par exemple) ça dérange beaucoup moins. Je crois surtout que ce qui peut faire sortir de l’histoire, c’est le côté contemporain d’un nom quand on s’évade dans un récit loin de nous (comme un récit d’inspiration médiéval ou, au contraire, futuriste) et je crois que c’est là que pour certaines personnes, il se passe une sorte de freeze temporel.
Cependant, pour moi, en tant que lectrice, ça ne me dérange pas du tout.
Donc, je pense que, encore une fois, il ne faut pas se prendre la tête et qu’il vaut mieux faire comme on le sent. Parce que, de toute manière, ça ne plaira pas à tout le monde, alors autant que ça nous plaise au moins à nous 😉
J’ai expliqué ma manière de travailler dans un article dédié : Ma méthode d’écriture, si ça peut aider. J’ai aussi écrit un article sur l’organisation de la préparation de son roman : Dans quel ordre doit-on créer les éléments d’un univers ?
En résumé, je bosse tout en même temps. Mes idées me viennent toujours compte-goutte et jamais dans l’ordre. Du coup, je n’attends pas d’avoir terminé un point pour entamer le suivant, je note au fur et à mesure de mes idées. Pour ne pas me perdre dans l’organisation, je commence par créer des « fiches » (comprendre « documents word ») à thème et, au fur et à mesure que les idées me viennent, je les notes sur les fiches correspondantes.
Dans ce cas-ci, je pense que c’est également ce qu’il faut faire, et ce, même si tous les éléments ne sont pas encore développés (ou juste existants).
Créer un univers, c’est un peu comme un puzzle : on commence par trier les pièces avant de chercher à les assembler en fonction de celles que l’on pioche dans nos différents tas. C’est pareil avec nos idées pour nos romans : il faut commencer par les trier, petit à petit, avant de les assembler en fonction des idées qui nous viennent.
Donc autant commencer une frise chronologique, quitte à la modifier ou à la compléter plus tard. Idem pour les background des personnages, la géographie, le plan de l’intrigue, etc.
En respectant les règles d’or de la magie que je détaille dans l’article Les 5 règles d’or de la magie 😉
Je ne crois ni au talent, ni au manque de talent. Je ne crois qu’au travail et à la persévérance.
La seule chose à faire pour apprendre à écrire, c’est d’écrire. Il n’y a pas de secret. Il faut tester, se tromper, effacer, recommencer. Encore et encore. L’idéal pour ça, c’est la nouvelle : comme c’est un récit court, ça permet d’écrire des récits complets et donc d’avoir une meilleure vue d’ensemble de notre style, de voir nos points faibles et nos points forts. De même, comme la nouvelle est un récit court, la moindre petite erreur ne pardonne pas : on peut pas la noyer dans une marée de mots comme les débutants le font souvent dans les romans. Il est donc beaucoup plus aisé de repérer ce que l’on doit améliorer.
Je pense que je ferai un article complet sur comment travailler et améliorer son style. Dites-moi dans les commentaires si ça vous intéresse que je vous donne mes petits trucs et astuces.
Un autre point que j’aimerais relever, c’est le fait que certaines personnes ne sont pas faites pour écrire des histoires. Il arrive qu’on soit bâtisseur/bâtisseuse, mais pas romancier/romancière, qu’on ait envie de créer des univers, mais pas d’écrire des histoires dedans. Quand on est romancier/-ère, l’univers sert l’histoire, l’histoire étant la finalité de notre travail de création, son apogée en quelque sorte. Alors que lorsque l’on est un bâtisseur, c’est l’histoire qui sert l’univers. D’une certaine manière elle est une excuse pour se mettre à créer un univers et, finalement, c’est pas si grave si on n’écrit pas cette histoire parce que c’est la construction qui nous botte le plus.
Quand on est romancier/-ère, on vit avec des personnages à l’intérieur de nous et, à un moment, il faut qu’ils sortent, qu’ils vivent cette histoire qu’on a inventée pour eux. Donc, pour les romanciers, à un moment, il n’y a plus aucun plaisir à laisser l’écriture de côté. Ce qui n’est pas le cas pour les bâtisseurs qui n’éprouvent que peu de regrets à ne pas écrire.
Si elles sont démodées, je suis très mal barrée 😉
C’est une question à laquelle il est très difficile de répondre puisque, dans les fans de fantasy, il y a celles et ceux qui ne veulent que de la nouveauté et les autres (comme moi) qui sont encore très attaché-e-s aux éléments classiques, pour ne pas dire traditionnels.
Je pense que ces éléments classiques ne sont pas à abandonner, mais à adapter en fonction de nos propres sensibilités. En outre, ne créer que de nouveaux éléments peut être déstabilisant pour certains lecteurs et lectrices habitués à croiser des elfes, des nains, des orcs, des dragons, etc. Changer fondamentalement les éléments classiques d’un genre peut déranger.
Créer de nouvelles races et de nouvelles créatures peut également nous faire tomber dans un autre travers, celui de recréer ce qui existe déjà, mais de simplement leur donner un nouveau nom. Pour moi, c’est la pire chose qui pourrait arriver : à trop vouloir éviter un travers, on tombe dans un autre. Je vous avoue qu’en tant que lectrice, c’est probablement ce qui m’énerve le plus : me retrouver dans un roman ou tout semble inventé alors qu’il s’agit simplement d’éléments classiques auxquels on a juste donné un nouveau nom.
Il est aussi important de se rappeler que l’esprit humain est fait de telle sorte qu’il ne sort jamais rien du néant : nos créations sont toujours le fruit d’assemblages de différents éléments stockés dans notre mémoire que notre cerveau effectue de manière plus ou moins consciente. Donc, on ne créera jamais rien de zéro, on va toujours s’inspirer ailleurs. De ce fait, créer en se mettant des œillères et croire que tout ce que l’on fait est 100% original est le meilleur moyen, à mon sens, de recréer du déjà-vu.
Du coup, je pense qu’on est vraiment mieux de reprendre ce qui existe déjà, de le mettre à notre sauce et, si l’envie nous en prend, de créer une ou deux races et une ou deux créatures, mais pas plus.
À lire aussi : L’originalité en Fantasy
N.B. : Une fois que la série sur la Création d’un système de magie sera terminée, je ferai d’autres séries notamment sur la religion.
Pour répondre à la question : oui et non. Quand je parle de dieux dans l’article, je parle de « vrais » dieux au sens mythologique du terme, des êtres pensants capables de réaliser des miracles (au sens religieux du terme) et de dispenser de la magie divine et non de tous les fourvoiements idéologiques dans lesquels un peuple pensant peut tomber comme les adorateurs de la météo, par exemple.
Les dieux dans les univers Fantasy peuvent être soit réels, soit le fruit de l’imagination d’illuminés ou de croyances, soit une invention consciente de mortels dans le but de manipuler des foules.
Dans tous les cas, on se doit de rester cohérent-e avec les règles de l’univers créé. C’est-à-dire que, par exemple, il ne peut y avoir de magie divine s’il n’y a pas de dieu. Quant à savoir ce qu’est un dieu, ce peut être un être tangible (un vieux barbu sur un nuage) comme intangible (une énergie ou un concept) doués d’une conscience. Ces deux cas-là seulement peuvent émettre de la magie divine.
Dans le cas d’une religion qui adorerait un phénomène inconscient (comme la météo, les volcans, les phénomènes astronomiques, la nature ou n’importe quel concept), ça ne peut pas être de la magie divine. Toutefois, si le fait de « faire quelque chose » produit un effet, il faut le voir comme une relation de cause-conséquence. Dans ce cas-là, la magie relèverait d’une énergie (cf. l’article Qu’est-ce que la magie ?) et donc de conditions strictes qu’il faudra respecter à la lettre.
En gros, avec les phénomènes inconscients les mêmes causes (paramètres) auront toujours les mêmes conséquences, et ce, sans variations, alors qu’avec les dieux, ça dépendra toujours leur humeur et même si toutes les conditions sont respectées pour obtenir leur bénédiction (par exemple), il n’y aura jamais 100% de garantie (en temps normal).
Donc, en Fantasy, il est impératif pour l’auteur/l’autrice de faire la différence entre un dieu (conscience effective) et une croyance (conscience fictive).
Voilà ! J’espère que cette première salve vous a plu ! Bien entendu, ce n’est pas parce que j’ai répondu à ces questions que vous ne pouvez plus m’en poser 😉
Alors ? Mes réponses vous ont-elles convaincu-e-s ?