Comment utiliser l’ironie dramatique dans un roman ?


Est-ce que vous avez déjà eu l’impression d’écrire un texte mou ?

Vous savez le genre de texte aussi inutile qu’une chaussette dans une Tropézienne. Si cela vous est déjà arrivé alors c’est peut être que votre livre souffre d’une carence en ironie dramatique.

C’est grave docteur ?

Oh non ! Vous allez juste forcer le lecteur à se servir de votre livre comme cale porte mais sinon tout va bien !

Ok, mais comment je fais alors pour remédier à ce machin là… l’ironie dramatique ?

Ne vous inquiétez pas ! Je vais vous expliquer ce que c’est et comment la mettre en place dans cet article mais avant il faut que je vous dise qui je suis.

Je m’appelle Martin et je suis l’auteur du blog narrationetcafeine.fr. Un super blog sur l’écriture !

J’ai un angle d’approche un peu particulier puisque je m’inspire des techniques de storytelling des scénaristes pour aider les écrivains à mieux écrire.

Alors si ça vous intéresse de découvrir un jargon exotique composé d’accroches, de préparations, de fusils de Tchekov, je vous invite à jeter un coup d’œil à mon travail.

Voilà pour les présentations ! Maintenant, si vous le voulez bien, je vous propose de passer au vif du sujet.

C’est quoi l’ironie dramatique ?

L’ironie dramatique, c’est quand une information importante est donnée au lecteur mais qu’un personnage l’ignore. Alors là, je vous vois venir, vous vous dites « tout ça, pour ça ? »

Patience petits Padawans !

Laissez-moi vous démontrer la puissance du dispositif avec un exemple inspiré de monsieur Alfred Hitchcock :

  1. Dans une scène, nous apprenons que A a posé une bombe sous une table. Ce dernier invite B à le rejoindre, le problème c’est que B ignore qu’une bombe se trouve sous la table. Vous sentez la tension s’installer ?
  2. La scène continue. A prétexte se rendre aux toilettes mais… — retournement de situation ! — B le force à se rasseoir avec une arme et le compte à rebours de la bombe continue de défiler. A le sait mais pas B. Quelle situation explosive !
  3. Finalement, un bon samaritain croyant sauver A assomme B. A le remercie et s’enfuit en prétextant prévenir la police.

Maintenant que l’on a vu ça, est-ce que vous comprenez mieux l’intérêt de ce mécanisme narratif ? On a fait d’une scène de dîner un peu ennuyeuse une véritable aventure tout ça juste avec l’ironie dramatique.

Mais le plus intéressant reste à venir, alors restez attentifs !

Le choix de la victime

Ce qu’il y a de bien avec l’ironie dramatique, c’est que tout le monde peut en être la victime. On peut donc varier les situations pour créer de savoureux mélanges.

Ok Basile, t’es bien gentil, mais c’est quoi la victime de l’ironie dramatique ?

Il s’agit de tout personnage à qui il manque une information connue du lecteur.

Par exemple, si nous savons qu’un voleur est entré dans une maison et qu’il n’a pas entendu les propriétaires rentrer, il y a une double ironie dramatique : les propriétaires ne savent pas qu’un voleur se trouve dans la maison (ironie 1), le voleur croit être seul (ironie 2).

Et vous ne connaissez pas la meilleure ?

C’est simplissime de déterminer une victime d’ironie. Cela peut être soit :

  • un personnage qui ignore quelque chose
  • un personnage qui ignore quelque chose qu’un autre personnage sait
  • un personnage qui croit que d’autres personnages ignorent quelque chose alors qu’en fait… ils savent !

Si vous jouez sur ces trois catégories, vous aurez le tiercé gagnant !

Maintenant que vous comprenez un peu mieux l’ironie dramatique, je vous propose de découvrir comment on la met en place.

L’ironie dramatique, c’est comme les fringues !

Laissez-moi vous raconter une anecdote. Quand j’étais jeune, je m’habillais n’importe comment. J’empilais littéralement le plus de couleurs sur le dos et je croyais sincèrement avoir la classe. Mais en fait, j’avais sauté les étapes.

Au lieu d’apprendre à m’habiller, à sélectionner mes vêtements en amont et à les assortir méthodiquement, j’étais directement passer à la case bien m’habiller sans passer par la case départ (ne touchez pas 20 000 francs).

En matière d’ironie dramatique, c’est pareil.

Il existe trois phases à respecter pour scotcher le lecteur :

  • l’installation
  • l’exploitation
  • la résolution

Bref, si vous voulez coller des frissons à votre lectorat, il faut comprendre ce principe tiré de la Dramaturgie L’art Du Récit d’Yves Lavandier.

L’installation

La phase d’installation consiste à informer le lecteur d’une information inconnue d’un personnage.

Par exemple, dans Roméo et Juliette, Juliette et le frère Laurent conçoivent un plan dans lequel Juliette fera semblant de mourir pour pouvoir épouser Roméo. Or, Roméo n’est pas au courant. Le frère Laurent envoie donc un messager le prévenir.

Toute cette scène prépare le conflit à venir parce que devinez quoi : Le messager est en retard et le frère Laurent ne le sait pas !

Ce qui m’amène à mon 2e point : L’information qu’un personnage ignore doit amorcer un conflit futur.

On se fiche de savoir si Paul ne sait pas qu’il a oublié son amulette. Sauf si cette amulette est en réalité un objet magique qui empêchait ses ennemis de repérer sa localisation.
Dans ce cas, on frissonne pour Paul qui croit être en sécurité alors qu’il courre un danger imminent.

Ainsi, l’information ignorée par le personnage doit mener lentement mais sûrement vers :

  • une dispute (ex : une femme s’aperçoit que son mari est très proche d’une autre femme. Or, elle ne sait pas que c’est la sœur de son mari)
  • un danger (ex : un elfe rentre dans son royaume sans se douter qu’il a été envahi par des orcs)
  • Etc.

Bref, installez une situation ! Puis exploitez la !

L’exploitation

Il ne suffit pas d’installer l’ironie dramatique, il faut aussi la développer. Sinon, ça reviendrait à promettre un bonbon à un gamin et à le manger sous ses yeux. Le gamin ne sera pas content du tout et vous perdrez sa confiance.

Pour l’ironie dramatique, c’est pareil !

Il faut que vous exploitiez les éléments que vous avez mis en place. Que vous fassiez monter la mayonnaise !

Pour cela, voici ma petite astuce : Il faut amener le personnage qui ignore quelque chose au plus près de la vérité, mais sans lui révéler. Essayez de jouer avec les nerfs de vos lecteurs en leur faisant se poser une question :

Le personnage va-t-il découvrir la vérité ?

Un exemple de ce procédé est le moment où le héros et une femme ont échangé leurs premiers baisers. La femme est sur le point d’avouer qu’elle est une espionne mais… le héros se fait mordre par un rongeur. Les aveux sont interrompus.

Cependant, le lecteur, qui sait pour son rôle d’espionne et son amour, aura été suspendu à votre prose se demandant : va-t-elle enfin lui avouer ?

Il se retrouve partagé entre son désir et sa crainte de voir le personnage découvrir la vérité.

Vous le tenez ! Il est à vous !

Mais surtout gardez la révélation pour la résolution !

La résolution

Ça y est votre lecteur se ronge les ongles. Il a les yeux rivés sur votre livre. IL VEUT SAVOIR.

C’est le moment de lui donner ce qu’il veut. Apprenez toute la vérité au personnage ignorant et attardez-vous sur son ressenti et les conséquences. Si possible, essayez de proposer un dénouement imprévu pour surprendre le lecteur.

C’est le moment de lui en mettre plein la vue. Allez-y franco sur les disputes, les bagarres etc.

Avec tous ces éléments en poche, vous savez désormais comment utiliser l’ironie dramatique dans vos romans.

Je vous invite à tester ce procédé par vous-même. Si d’aventure vous découvrez des manières intéressantes d’utiliser l’ironie dramatique, écrivez-les nous dans les commentaires. Cela aidera toute la communauté.

Cet article s’achève ici. Un grand merci à Zahardonia pour m’avoir reçu sur le blog.

Martin

de narrationetcafeine.fr

P.S. : Je sais que Zahardonia vous manque. Alors comme on fait les choses bien, vous pouvez la retrouver sur mon blog avec son article 10 choses à savoir avant d’écrire de la Fantasy.

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