Les Descriptions dans le roman


Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’un sujet qu’on m’a demandé de traiter : les descriptions.

Malgré les nombreux inconvénients qu’on peut leur trouver, que l’on soit auteur ou lecteur, la description est l’un des trois éléments essentiels à la narration avec l’action et le dialogue. La description est également l’une des nuances qui définit le style d’un auteur.

Même si elles ne font pas nécessairement avancer l’intrigue, elles sont nécessaires pour permettre au lecteur de se situer dans le récit, de définir les fameux où, quand, qui, quoi.

Toutefois, il est important de correctement les doser, de n’en faire ni trop ni trop peu. Bien entendu, la quantité des descriptions et la précision de celles-ci dépendent aussi du genre et de la forme de votre roman. Je pense aux naturalistes (cf. Émile Zola) et aux réalistes (cf. Honoré de Balzac) qui écrivent des pavés de descriptions pour coller au plus près de la réalité. De même, les nouvelles ne sont pas le format à privilégier si vous désirez rédiger de longues descriptions puisque c’est un format qui demande de la concision et de la précision.

Les fonctions de la description

Concrètement les descriptions servent à plusieurs choses :

  • Faire joli : la description peut tout simplement être là pour agrémenter le récit d’un point particulièrement esthétique, horrible ou encore humoristique sans rapport avec l’histoire, juste pour ajouter un détail. Ça peut être utiliser par l’auteur pour y placer un clin d’œil, par exemple.
  • Faire une pause : la description peut servir à faire une pause dans la narration de manière à ménager un temps plus calme dans le récit.
  • Expliquer : la description peut donner des éléments de compréhension pour mieux cerner les enjeux de l’histoire ou la psychologie d’un personnage ou à poser une ambiance particulière.
  • Faire plus vrai : la description peut servir à donner une esthétique réaliste au récit ou à créer un effet de réel (dans les univers de science-fiction ou de fantasy, par exemple).
  • Ajouter une dimension symbolique ou métaphorique.
  • Donner un point de vue : la description permet de pouvoir voir par les yeux du narrateur ou d’un personnage et nous donne ainsi une vue subjective de ce qui l’entoure.

La description s’applique autant aux lieux, aux objets et aux personnages.

Réussir sa description en 5 astuces

1. Utiliser ses 6 sens

Je vous vois les énumérer en les comptant sur vos doigts à vous demander « Bon sang, c’est quoi encore le sixième ?! »

Alors, non, bande de petits malins, il ne s’agit pas de celui de voir les morts, encore que…

Il est important de ne pas se cantonner à un seul sens dans nos descriptions. Dans la vraie vie (l’IRL), on ne vit pas qu’autour d’un seul sens à la fois, il serait donc illogique de le faire dans les romans.

Les 6 sens dont je parle sont :

  • la vue : il est important de décrire ce que voit votre personnage (sauf s’il est aveugle), de donner des indications visuelles aux lecteurs tant sur les formes, les couleurs, les dispositions, mais aussi sur la lumière, les ombres, etc.
  • l’ouïe : n’oubliez pas de préciser si votre personnage entend quelque chose de particulier ou si, justement, il n’y a pas un bruit, précisez-le.
  • l’odorat : dans notre vie de tous les jours, nous sommes cernés par des odeurs, agréables ou non, dans les romans ce devrait être la même chose.
  • le goût : le plus mal aimé des sens. Il est vrai que lorsque l’on visite un endroit, on ne lèche pas systématiquement les murs (en tout cas, pas moi 😉 ), mais il arrive que dans certains cas particuliers, en-dehors des repas, certaines sensations ou certaines odeurs sont tellement envahissantes que vous avez l’impression de les avoir en bouche (les relents de térébenthine qui vous collent la langue au palais quand on repeint quelque chose ou cette épaisse couche de poussière qui vous assèche la bouche dans le grenier de vos grands-parents). Si votre personnages passent à table, prenez aussi un peu plus de temps pour décrire ce qu’il mange et ne vous arrêtez pas à « c’est bon » ou « c’est pas bon », décrivez les sensations tendres/caoutchouteuses de la viande, la douceur/l’aigreur de la soupe,…
  • le toucher : le toucher est un sens qui ne s’arrête pas aux mains, techniquement, on a des sensations de toucher avec tout le corps (j’entends les adeptes de 50 Nuances de Grey qui ricanent… 😉 ). On peut profiter d’un doux tapis d’herbe avec les pieds, d’un vent chaud sur le visage, du soleil dans la nuque, du poids de son sac dans son dos, etc.
  • le ressenti : quand on contemple quelque chose ou quelqu’un, on est rarement impassible, nous avons toujours des émotions qui se manifestent. Faites de même avec vos personnages/votre narrateur. En jouant sur les mots vous pourrez induire des émotions chez votre personnage, mais aussi chez vos lecteurs. Ainsi, choisissez bien les termes de vos descriptions car ils n’induiront pas pas les mêmes ressentis. Exprimer cette dimension donnera plus de profondeur à vos descriptions.

Bien entendu, il n’est pas nécessaire d’appliquer à chaque description chacun des 6 sens, juste de ne pas en oublier un quand on peut le caser. Vos descriptions n’en seront que plus réalistes. Par exemple, si vous décrivez un paysage de désert, vous pouvez jouer sur la vue, bien sûr, mais aussi sur l’odorat (l’odeur de la roche/du sable chaud est assez particulière et notable), sur le toucher (la chaleur, le soleil, les pieds sur le sable/la roche, les grains de sable dans la bouche,…), le goût (si votre personnage a avalé de l’eau chaude ou s’il a du sable dans la bouche ou le goût du sang si la sécheresse lui craquelle les lèvres), l’ouïe et les émotions que ce désert lui procure.

En revanche, pas besoin de lui faire lécher le sol pour savoir quel goût à le désert si vous ne voulez pas lui mettre du sable dans la bouche. Bref ! Vous saisissez l’idée 😉

2. Se servir d’un support visuel

L’idéal lorsque l’on veut décrire quelque chose est de se servir d’un support visuel pour se représenter correctement mentalement ce que l’on veut décrire. N’hésitez pas à vous constituer une banque d’images (via Pinterest ou dans un dossier sur votre PC ou en les imprimant et en les affichant au mur,…) qui vous servira de modèle de description.

3. Choisissez vos mots

Je vous conseille aussi de faire une recherche de vocabulaire pour savoir quels mots employer afin de créer les bonnes ambiances et les bons ressentis : « jaune paille » n’a clairement pas la même connotation que « doré », par exemple. Ou encore, soulignons la différence notable entre « kaki » et « vert caca d’oie » 😉

N’hésitez pas non plus à travailler avec des idées générales qui induisent une certaine subjectivité chez le lecteur. Les notions de « désert », du « grenier de grand-mère », de « pipe de grand-père », etc. sont des notions à la fois approximatives et extrêmement précises : même si vous ne donnez aucun détail, le lecteur va, lui, se créer son propre désert avec tous les détails dont il aura besoin, il est inutile de lui fournir une carte précise de ce désert avec nuancier de couleurs et échantillons de sable. C’est ça aussi la magie de l’écriture : laisser l’opportunité au lecteur de créer son propre monde dans le vôtre.
Ça permet au lecteur de se sentir chez lui dans votre roman.

En outre, gardez aussi à l’esprit qu’il est toujours plus facile de retirer que d’ajouter. Alors, quand vous écrivez votre premier jet, prenez-vous pour Zola et assommez-vous de descriptions barbantes. Il sera toujours tant de trancher dans le vif à la relecture !

4. Zoomer ou dézoomer

L’idéal quand on fait un paragraphe de description est soit de commencer à décrire le détail et puis à élargir la vue ou à commencer par décrire une vue d’ensemble pour finir sur un détail.

Par exemple, quand vous détaillez une personne vous pouvez partir de ses yeux (qui ont tout de suite accroché ceux de votre personnage), puis partir sur le nez, la bouche, l’ensemble du visage, les cheveux, la silhouette,… ou l’inverse.

Si vous détaillez une pièce, vous pourrez commencer par décrire le fouillis ambiant puis à aller petit à petit vers cet objet qui a beaucoup de valeur pour votre personnage… ou l’inverse.

Un autre point important est de garder une certaine fluidité dans la description : suivez un fil, ne sautez d’un coin à l’autre d’une pièce, des pieds à la tête,… Décrivez comme si vous suiviez votre propre regard.

5. Casez-en partout

Les descriptions ne sont pas nécessairement des gros paragraphes bourrés d’adjectifs et pendant lesquels il ne passe rien. Elles servent à enrichir le récit d’éléments qui le rendent plus réaliste en donnant des détails. Vous pouvez donc vous permettre d’en disséminer partout sous forme d’épithètes ou de petites phrases disséminées au sein même des passages d’action.

Par exemple : Elle banda son arc, plaçant les pennes de la flèche au niveau de ses pommettes rosies par le froid. Ses yeux noisettes ne quitteraient pas leur cible tant qu’elle ne l’aurait pas touchée.

J’espère avoir pu vous aider ! Si vous souhaitez que je traite le sujet différemment ou plus en profondeur, n’hésitez pas à me le dire ! 😉

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