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Aujourd’hui, on parle d’un sujet qui m’a donné pas mal de fil à retordre parce que j’hésitais entre plusieurs angles d’attaque, tout en me rappelant que j’en avais déjà parlé dans deux précédents articles : Les Objets magiques : reliques et artefacts et Les Outils magiques.
Il s’agissait donc pour moi d’éviter les redites tout en trouvant un point de vue qui vous intéresserait, mais, surtout, qui vous servirait. J’espère donc avoir relevé le défi !
Les objets magiques ont une place importante dans la fantasy. Qu’il s’agisse d’armes puissantes, de bijoux maudits ou encore de balais enchantés, ils sont presque indispensables au genre.
Ces objets magiques font partie des éléments du genre qui me fascinent le plus et, en toute honnêteté, je me suis battue avec moi-même pour ne pas vous écrire un essai à leur propos, notamment quant à toute la symbolique qu’ils peuvent porter au sein d’un univers et d’un récit.
Un objet magique est, basiquement, un objet plus ou moins quelconque doté de magie ou qui permet d’accorder un pouvoir.
Cependant, afin de comprendre toute leur complexité intrinsèque — qui me fascine au plus haut point —, je pense qu’il est important de rappeler que la fantasy est un genre qui mêle à la fois les codes du mythe et ceux du conte. Deux genres très codifiés qui comptent chacun son propre lot d’objets magiques. C’est donc à travers ce double prisme que nous devons considérer les objets magiques de nos univers de fantasy.
Cela signifie donc qu’ils sont à la fois des descendants des cadeaux divins que l’on retrouve dans nombre de mythes, des outils sacrés que l’on utilisait pour honorer les divinités pendant les cultes, mais aussi des allégories que l’on retrouve dans les contes.
C’est pour cela que j’aime énormément ce qu’en dit Charles Delattre dans la préface de Objets sacrés, objets magiques de l’Antiquité au Moyen-Âge :
L’objet reste ainsi au centre du dispositif magico-sacré en perdant paradoxalement ce qui semblait le mieux le définir, sa matérialité. Cette dernière n’apparaît plus que comme un faux-semblant, un miroir aux alouettes, car l’objet devient une occasion, un point nodal et focal qui dépasse la matière qui le constitue ; il est plus un champ de forces qu’un objet réel.
Un objet magique est donc un objet qui transcende ses limites physiques pour devenir un vecteur du merveilleux (la magie), de pouvoir ou de sacré (dans le cas des objets divins). Il permet à la magie de s’incarner dans une forme matérielle et d’être manipulée sous une autre forme.
Au-delà donc d’une simple entité matérielle, il s’agit d’un élément doté de propriétés extraordinaires, imprégné de magie et souvent porteur d’une histoire ancienne ou légendaire. Ces objets deviennent alors des catalyseurs d’aventures, des instruments de changement et des symboles de puissance.
Les origines des objets magiques sont aussi variées que la fantasy elle-même. Cependant, on peut les regrouper en fonction de plusieurs caractéristiques.
Les objets naturellement magiques sont les objets que l’on peut retrouver dans la nature et qui sont naturellement chargés en magie.
Le plus souvent il s’agit de cristaux, de roches ou de métal, mais on peut aussi compter les végétaux.
Je pense, par exemple, aux cristaux des zones du péril que l’on découvre dans l’épisode 7 de la saison 4 de Prince des Dragons : chaque type de cristal est rattaché à l’une des six magies primitives et peut être utilisé comme source de pouvoir pour lancer des sorts. Ainsi, les opales de lunes sont rattachées à la magie de la Lune, les rubis de feu contiennent la magie du Soleil, les aigues-marines la magie de l’Océan, les émeraudes celle de la Terre, les saphirs célestes celle du Ciel et les diamants du Quasar du celle de l’Étoile.
Dans un cadre plus « soft », on peut aussi penser aux correspondances de la sorcellerie. Dans ces croyances et pratiques, chaque objet issu de la Nature (un cristal, une roche, une herbe, une fleur, un arbre, etc.) est directement lié à un élément (l’eau, le feu, l’air ou la terre) et en porte donc les énergies en plus de certaines particularités qui lui sont propres.
Ces objets peuvent être utilisés tel quel ou transformés pour fabriquer autre chose (v. point suivant).
À partir des éléments précédents, il est donc possible de fabriquer des objets qui utilisent la magie intrinsèque et naturellement acquise par son matériau de base ou par un élément naturellement chargé en magie.
Par exemple, on peut ajouter un cristal magique à une baguette pour en augmenter la puissance.
Ou encore fabriquer un anneau avec l’Or du Rhin, comme c’est le cas pour l’anneau des Nibelungen. Je vous renvoie à l’article 5 Métaux légendaires pour en savoir plus.
Les objets fabriqués à partir de reliques d’animal magique font aussi partie de cette catégorie.
Ici, il est question des objets qui sont fabriqués dans le but d’être magiques. Typiquement, ce sont les baguettes magiques d’Ollivander, les épées magiques, les potions magiques, les amulettes, les boules de cristal, les miroirs de divination, etc.
Par exemple, dans mon univers, un clan particulier appelé les Chantelame est spécialisé dans la fabrication d’épées enchantées à destination des soldats de la Forteresse.
Ici, il s’agit d’objets préexistants qui sont devenus magiques volontairement suite à un enchantement, une bénédiction ou une malédiction.
Par exemple, deux des trois Reliques de la Mort dans Harry Potter sont des objets quelconques qui ont été enchantés par la Mort pour en faire des objets magiques : un simple galet est devenu la Pierre de résurrection et une branche est devenue la Baguette de sureau.
Les objets divins sont des objets créés par les divinités, et la plupart du temps pour leur usage propre, qui finissent dans les mains de mortel-le-s. Soit suite à une perte, un vol (comme le feu volé par Prométhée), un prêt ou parfois en guise de cadeau.
Dans le dernier cas, le personnage qui se voit offrir un objet de fabrication divine devient le champion de la divinité qui lui a offert ce présent. Dès lors, l’objet offert est porteur d’une partie de la divinité protectrice, il ne peut aller à l’encontre de la volonté de cette dernière et il doit d’ailleurs servir les volontés de la divinité. Si le personnage champion ne se plie pas aux volontés divines, le pouvoir du cadeau peut se désactiver, voire se retourner contre lui.
Certains objets peuvent acquérir des pouvoirs de manière inopinée.
C’est le cas pour certains objets présents lors d’événements importants (comme un champ de bataille ou un sort qui aurait mal tourné) ou pour ceux qui ont été exposés longtemps à de la magie. On pensera notamment aux objets qui ont été longtemps laissés (ou oubliés) dans un lieu magique ou ceux qui sont restés en contact avec un ou une thaumaturge pendant très longtemps au point de finir chargé de l’énergie de son ou sa porteuse.
Sur le site Bibliothèque impériale dédié au jeu de rôle basé sur l’univers de Warhammer, j’ai également trouvé cette explication à laquelle je n’avais pas pensé et que je trouve pourtant très intéressante :
L’explication courante que l’on donne à ces manifestations magiques, c’est que ces objets étaient magiques depuis le début, mais que seule une personne digne d’eux pouvait en libérer les pouvoirs. L’épée d’un chevalier audacieux peut avoir servi à massacrer d’innombrables Peaux-Vertes, mais à sa mort, elle perd son pouvoir spécial contre les Orques et les Gobelins jusqu’à ce qu’un nouveau porteur adapté soit découvert. Cependant, aussi romantique soit-elle, cette explication est probablement erronée. En réalité, ces objets gagnent leurs pouvoirs magiques de la même façon que les prêtres et les adeptes obtiennent leurs dons des Dieux. C’est parce qu’il est vénéré par beaucoup de gens qu’un objet focalise les pensées, les prières et l’espoir.
J’aime beaucoup cette idée que des objets peuvent devenir magiques parce qu’ils sont vénérés (ou craints), à l’instar de cette épée tueuse de Peaux-Vertes.
Je ne m’étendrai pas sur le sujet car je l’ai déjà traité dans un sujet dédié : Les Objets magiques : reliques et artefacts.
En résumé, une relique est un morceau du corps d’un ou une saints ou un objet lui ayant appartenu.
Dans le cas de la Fantasy, un saint peut être un thaumaturge très puissant, une héroïne reconnue ou même une créature magique.
Lorsque l’on parle de morceau de corps, on peut faire référence à son sang, ses cheveux, ses ongles, ses organes momifiés, ses os, ses cornes, ses poils, etc.
Plus tôt, nous parlions des Reliques de la Mort dans Harry Potter. Si deux de ces reliques sont des objets ordinaires enchantés par la Mort, la dernière (la Cape d’invisibilité) est une vraie relique puisqu’il s’agit d’un morceau du linceul de la Mort elle-même.
Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. J’aurais encore voulu vous parler des différents mécanismes d’activation des objets magiques et de leurs enjeux narratifs, mais l’article est déjà bien assez long. Ce sera donc pour une prochaine fois 😉
Une réponse à “Les Origines des objets magiques”
On a besoin de magie dans notre monde et d’écrivains pour nous évader