Pourquoi j’ai choisi l’autoédition


Je vous en avais parlé dans la présentation de mes projets et objectifs de 2024 : je compte définitivement fermer mon blog Prom’Auteur et transférer tous les articles qui s’y trouvent encore ici.

L’autoédition est un sujet qui me tient vraiment à cœur, c’est pour cette raison que je n’ai pas voulu laisser tomber ces articles dans l’oubli. Je souhaite également continuer d’en parler, même une fois que tous les articles auront été transférés.


Aujourd’hui, je voudrais vous expliquer pourquoi, en 2014, j’ai choisi d’autoéditer mes livres.

Car, oui, il s’agit bien d’un choix délibéré et non d’une solution de replis.

Toutefois, il est vrai que j’ai longtemps hésité entre l’édition classique et l’autoédition. Puis, au fur et à mesure que j’en apprenais davantage sur le monde du livre et son fonctionnement, je n’ai plus hésité du tout : exit l’édition classique !

Je n’ai même pas essayé d’envoyer mon manuscrit à des maisons d’édition.

1. L’Argent

C’est vrai que l’argent est encore un sujet tabou et encore plus lorsque la discussion tourne autour de l’Art et des Artistes. Pourtant, l’Art est devenu un business comme un autre et le livre, un produit comme un autre. Je ne compte pas éluder la question tout simplement parce que c’est une réalité : les auteurs et autrices ont besoin d’argent pour vivre.

Si vous ne le savez pas encore, les auteurs et autrices éditées à compte d’éditeur touche en moyenne 8 à 10% sur le prix de leur livre (pour un grand format destiné à un public adulte, les pourcentages sont moindres en littérature jeunesse et avec les formats poche). Donc sur un livre à 20€, l’autaire n’en touche que 2 (ou moins), mais ce sont 2€ brut. Car, avec ces 2€, l’autaire devra encore payer de multiples cotisations auprès de l’Agessa et de la Maison des artistes, sans oublier, bien entendu, les impôts

Passer par l’autoédition permet d’avoir une meilleure marge sur ses livres, tout en restant raisonnable, évidemment.

En outre, grâce à l’autoédition, on a également un meilleur suivi de nos ventes et des versements de droits plus fréquents : en édition traditionnelle, les autaires ne sont payés qu’une à deux fois par an, alors qu’avec des plateformes d’autoédition, la paie tombe tous les mois ou tous les trimestres. Cette régularité permet une vie beaucoup stable et des paiements de factures et de loyer moins anxiogènes !

2. Le Système actuel

Si vous suivez un peu les actualités du monde du livre en France, vous avez sûrement vu fleurir pléthore de témoignages d’auteurs et d’autrices qui peinent à faire valoir leurs droits auprès de la sécurité sociale des artistes-auteurs.

Il faut savoir que, dans le système actuel, les autaires à compte d’éditeur sont assimilé-e-s à des salarié-e-s. De ce fait, en cas de maladie, incapacité de travail ou autre, la sécurité sociale demande des justificatifs de salarié-e-s à des personnes qui ne le sont pas dans les faits. En somme, la sécu demande des documents qui n’existent pas et refuse d’entendre raison. S’en suivent des absences de remboursements de soins de santé, des refus de reconnaître des incapacités de travail, des refus de congé de maternité et la liste est encore longue.

N’oublions pas non plus le rapport Racine qui, en janvier 2020, mettait en évidence toutes les dérives et problèmes du système éditorial français — notamment la surproduction, la paupérisation des artistes et la sécurité sociale défaillante — et qui a bien vite été mis au placard alors qu’il proposait nombre d’améliorations qui auraient permis de changer la situation.

D’ailleurs, ce même rapport mettait en lumière que, pendant 40 ans, plus de 190 000 créateurs et créatrices assujetties à l’AGESSA (l’ancienne sécurité sociale des artistes-auteurs) n’ont jamais été prélevées de cotisations à l’assurance vieillesse alors que le contraire leur était assuré. Ce qui signifie qu’une « défaillance de pilotage » empêche 190 000 personnes de prendre leur retraite sereinement.

«  les artistes-auteurs anciennement assujettis à l’AGESSA, soit plus de 190 000 personnes, n’ont jamais été prélevés de cotisations à l’assurance vieillesse depuis la création du régime en 1975, alors que le contraire leur était indiqué. Ce défaut de prélèvement, qui s’expliquerait par les limites du système informatique, illustre une grave défaillance de pilotage interne et de contrôle externe. Les conséquences sociales en sont dramatiques puisque les artistes-auteurs concernés, qui, de bonne foi, pouvaient légitimement aspirer à percevoir une pension de retraite à proportion des cotisations qu’ils pensaient avoir versées, se trouvent privés des droits correspondants.
Outre le fait que cette carence a conduit à placer certaines des personnes concernées dans une situation de grande précarité, elle a concouru à créer un sentiment d’insécurité et de défiance vis-à-vis des associations en charge de la protection sociale des artistes-auteurs
. »

Source : SCANDALE AGESSA (épisode 1) : QUELLES PRATIQUES ILLÉGALES ? sur le site du CAAP.

Sincèrement, tous ces problèmes ne m’ont pas du tout donné envie de me frotter à ce système défaillant et, même si à l’heure actuelle en 2024, la situation commence seulement à s’améliorer un peu et très lentement, je n’ai toujours pas envie de m’y plonger.

Au moment où je me suis lancée dans l’autoédition, on pouvait encore le faire en créant une entreprise. Ainsi, j’ai pu contourner le régime social des artistes-auteurs et l’Agessa pour passer directement sous le régime social et fiscal des indépendant-e-s qui, lui, roule tout seul (en tout cas dans la majorité des cas).

C’est beaucoup plus sécurisant et, surtout, ça prend moins de temps pour régler les problèmes et m’en accorde plus pour écrire et promouvoir mes livres.

Désormais, il n’est plus possible de faire ainsi et l’inscription au régime des artistes-auteurs est obligatoire, même pour les autoédité-e-s.

3. La Liberté

Un contrat d’édition à compte d’éditeur, c’est une cession des droits patrimoniaux de votre livre, c’est-à-dire que votre livre ne vous appartient plus, en quelque sorte.

C’est la maison d’édition qui décide de tout. Si certaines maisons collaborent avec les auteurs et les autrices pour créer un livre qui leur plaise, ce n’est pas le cas partout et, de toute manière, l’éditeur ou l’éditrice aura toujours le dernier mot.

Je vous avoue que cette idée ne me plaisait pas du tout : je veux pouvoir garder le dernier mot sur l’édition de mon livre, garder mes droits pour pouvoir faire ce que je veux de mon travail, mais aussi pour pouvoir contrôler l’image de moi que je transmets à travers mes livres.

4. Le Besoin de confrontation

C’est vrai qu’on conseille souvent aux jeunes (dans l’écriture, pas dans la vie civile) auteurs et autrices de garder au chaud le projet de leurs rêves le temps de se faire la main, de laisser reposer son projet chouchou le temps de perfectionner son écriture.

C’est un conseil avec lequel je suis d’accord. Toutefois, pour mon premier roman, j’ai eu besoin d’une confrontation avec mon lectorat. J’avais besoin de sortir mes écrits du cocon privé pour que je puisse évoluer en tant qu’autrice et m’améliorer.

Je pense, effectivement, que La Fuite est perfectible, mais pour identifier mes défauts, j’avais besoin de le lâcher dans le monde pour le confronter à la vraie vie d’un roman publié.

De plus, je voulais absolument que ce soit cette histoire-là, et pas une autre, qui marque le début de ma vie d’autrice.

Cette confrontation et les améliorations de mon écriture qui en ont découlé n’auraient sûrement pas été possibles avec l’édition à compte d’éditeur à cause du temps que cela demande. Entre le début des soumissions et la publication, il peut s’écouler plusieurs années. Années durant lesquelles j’aurais largement eu le temps de me décourager et de laisser tomber…

5. Un premier livre qui a peu de chances d’être édité

Ensuite, il a fallu que je regarde aussi la réalité en face : ce premier roman avait très peu de chances de trouver un éditeur.

On dit souvent que le premier roman est un roman autobiographique qui n’a que peu de chances d’être édité parce qu’il est trop « nombriliste ».

Pour le mien, c’est vrai.

Il y a énormément de détails autobiographiques, conscients comme inconscients, qui font de ce livre une sorte d’exutoire. Rien que pour ça, j’ai souvent pensé que ça rendait mon histoire impubliable pour un éditeur.

Ensuite, il y a le fait que ce soit une saga (une quadrilogie). Quand il s’agit d’un premier roman, les éditeurs sont particulièrement frileux à l’idée de publier des séries. Tout simplement parce qu’il s’agit d’une sérieuse prise de risques pour eux : ils ne sont pas assurés que le primo-romancier ou la primo-romancière terminera un jour sa série, ni qu’il ou elle gardera la même qualité tout au long de la saga.

D’ailleurs, la naissance de ma fille a donné raison à cet argument : depuis novembre 2019, je n’ai pas su avancer dans la rédaction de ma saga à cause d’une santé déclinante.

De plus, les ventes diminuent au fur et à mesure des tomes, ce qui représente bien souvent une perte financière pour l’éditeur sur le long terme.

J’espère que mon retour d’expérience vous aura été utile.

Si vous avez la moindre question à propos de l’autoédition ou de mon parcours, je vous invite à me les poser en commentaire ou par courriel 😉

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