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Aujourd’hui, je voudrais m’attaquer à un sujet qui déchaîne les passions et fait couler beaucoup d’encre : le prologue.
En effet, quand je vous ai fait part sur les réseaux sociaux que j’entamais la correction de mon roman, on m’a fait la remarque que la première chose que j’avais à faire était de supprimer mon prologue. Ce à quoi j’ai répondu que, non, je ne devais pas supprimer mon prologue ou le transformer en chapitre 1.
Toutefois, la question du prologue me taraude depuis longtemps — depuis que je l’ai écrit, en vérité — et je me suis dit que l’occasion était trop belle et que j’allais en profiter pour en discuter avec vous.
Et donc, peut-on écrire un prologue ? Telle est la question.
Afin de mettre un terme à ce suspens insoutenable, je vais vous répondre dès à présent : Oui, on peut, mais…
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je pense qu’il est indispensable de définir ce qu’est un prologue. Voici donc 3 définitions sur lesquelles je compte me baser pour illustrer mes propos :
Le prologue (du grec προ (pro) : avant, et λóγος (logos) : discours) est la première partie d’une œuvre littéraire ou la première scène d’une œuvre dramatique, faisant office de préface, d’introduction ou de préambule, et servant à situer les personnages et l’action de l’œuvre en exposant divers points essentiels à connaître pour l’intelligence de la pièce.
Ce qui prépare, annonce quelque chose ; prélude, préliminaire.
Introduction servant à présenter des événements antérieurs à l’action proprement dite dans une œuvre théâtrale, lyrique ou cinématographique.
Un prologue, c’est donc un texte court qui n’appartient pas au schéma narratif de l’histoire qu’il introduit mais qui se déroule avant (flash-back) ou après (flash-forward) celle-ci. Un prologue est une entrée en matière qui présente un événement, un personnage et/ou un environnement qu’il est indispensable d’expliquer au lecteur pour s’assurer de sa bonne compréhension du récit.
Au vu de cette définition, il est donc impossible de décider, de façon plus ou moins arbitraire, qu’un prologue est à supprimer d’emblée ou à transformer en premier chapitre. Je pense que chaque prologue est un cas particulier et qu’il faut se questionner pour savoir s’il faut le conserver, le transformer ou le supprimer.
Mais surtout, un prologue doit être court. Ça ne sert à rien de pondre une tartine de 50 pages ! N’oubliez pas que vous êtes censés raconter votre histoire, pas comment elle s’est mise en place. Gardons à l’esprit que c’est l’histoire qu’on veut lire et non le prologue. Si vous voulez vraiment développer tout ça en long en large et en travers, alors laisser tomber le prologue et écrivez une préquelle 😉
Personnellement, j’aime les prologues qui font maximum 2-3 pages A4 (+/- 1000 à 1500 mots).
Dans les différents articles que j’ai lus, beaucoup vous conseillent de transformer votre prologue en premier chapitre — quand il ne s’agit pas de vous ordonner de le brûler sans autre forme de procès…
Mais pourquoi ce ne peut pas être toujours le cas ?
À l’instar du prologue, le premier chapitre a, lui aussi, un rôle bien défini et on ne peut pas en faire n’importe quoi. J’ai beau être une farouche opposante à tous ces schémas prédéfinis vous garantissant fortune et succès — du type le voyage du héros —, je n’en reste pas moins convaincue que certaines choses doivent suivre des règles et des codes bien établis afin de ne pas perdre le lecteur. Le prologue et le premier chapitre en font partie.
Le rôle du premier chapitre est de présenter le ou les personnages principaux ainsi que le lieu de l’action. Il donnera souvent les prémices du conflit relaté dans le roman.
Ainsi, un prologue résumant un fait historique majeur (une guerre, une naissance, une mort, une prophétie,…) dans l’univers considéré et qui ne fait pas partie de l’histoire du héros mais bien du contexte dans lequel il va se trouver n’a pas sa place en premier chapitre. En revanche, la présentation de votre héros (sa naissance, son entrée dans le camp militaire, le jour de son couronnement,…) est à mettre dans un chapitre 1, quitte à faire une ellipse temporelle entre votre chapitre 1 et votre chapitre 2. Vous savez, un petit « Dix ans plus tard. » en italique au début du chapitre 2.
En conclusion, le chapitre 1 est une introduction du récit et le prologue une contextualisation de l’histoire.
Il existe toutefois des arguments pour et contre les prologues, mais chaque argument n’est pas réellement un cas absolu, à mon sens. Il existe toujours des cas particuliers qui peuvent être considérés comme à part.
Comme dit juste avant, chaque prologue est singulier et je pense qu’il doit faire l’objet d’un questionnement rigoureux et, surtout, unique, on ne peut pas se permettre de faire des généralités.
Pour savoir si vous devez conserver votre prologue, posez ces excellentes questions proposées par Marièke du blog Mécanismes d’histoire à vous-même et à vos bêta-lecteurs :
J’aimerais vous exposer mon propre questionnement à propos de mon prologue en guise d’exercice pratique — je veux vos copies sur mon bureau lundi matin à 9h pétantes. 😉
Quand j’ai commencé à travailler sur mon récit, je ne voulais pas nécessairement de prologue, je me disais que je verrais bien si l’envie ou le besoin se faisait sentir. Finalement, en écrivant mon dossier sur la magie de mon univers, j’ai écrit un court texte pour expliquer comment les humains ont pu commencer à manipuler la magie (le Flux, dans mon univers). Il s’agit également du récit d’un événement qui a changé la face du monde et qui a eu d’énormes conséquences, bonnes et mauvaises.
Une fois qu’il fut écrit, il m’est apparu que ce serait un prologue parfait. J’ai donc installé ce texte, assez naturellement, à sa place de prologue qu’il occupe encore actuellement.
Seulement, à présent que mon premier jet est terminé, je me rends compte que ce prologue n’est peut-être pas nécessaire pour la bonne compréhension de l’histoire et de l’univers puisqu’on développe une bonne partie de ce qui y est expliqué plus loin dans le récit. En revanche, il donne de la profondeur à l’univers et, pour moi, c’est très important. J’ai souvent lu des romans dont l’univers fantasy restait souvent superficiel. Les informations qu’on nous donnait ne servaient qu’à l’histoire et non à approfondir le monde dans lequel on évoluait. Or, j’estime que c’est primordial de soigner chaque détail afin que le lecteur sente qu’il change d’univers et pas seulement qu’il lit un livre.
Mon dilemme cornélien se situe là : dois-je supprimer mon prologue car il n’a pas vraiment de réelle utilité explicative ou le garder parce qu’il participe à rendre mon univers plus complet ?
Bien évidemment, je ne vous demande pas de répondre à cette question pour moi. Je m’en chargerai toute seule, comme une grande, une fois que mon roman sera passé entre les mains de mes bêtas-lecteurs. Je voulais toutefois vous exposer mes interrogations au cas où ça pourrait vous aider dans les vôtres.
Et vous ? Dans quel camp vous trouvez-vous ?