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Aujourd’hui, nous commençons vraiment la série sur la magie ! Si tant est que commencer par des définitions c’est vraiment commencer…
D’ailleurs, j’ai une mauvaise nouvelle : quand je vous ai présenté la « table des matières » de cette série d’articles, je vous ai dit qu’il n’y aurai qu’un seul article « introduction ». Or, il s’est avéré, pendant la rédaction de celui-ci, que… eh bien… je devrai le diviser en 2. Je crois que vous pouvez le voir avec votre scrollbar, cette première partie est déjà très longue (elle fait près de 3000 mots), du coup, j’ai préféré faire 2 articles « moyens » (puisque la longueur moyenne de mes articles est de +/- 2000 mots) plutôt que de faire un très long. Ce qui fait que la série passe de 34 à 35 articles !
Mini Avant-propos : pour parler de la personne qui pratique la magie, je parlerai de thaumaturge et pour parler des personnes qui ne pratiquent pas la magie, je parlerai de non-thaumaturge.
Avant de rentrer dans le vif du sujet de la création d’un système de magie, il convient de définir ce que nous entendons par magie.
L’une des définitions que l’on peut trouver de la magie est celle-ci :
Art fondé sur une doctrine qui postule la présence dans la nature de forces immanentes et surnaturelles, qui peuvent être utilisées par souci d’efficacité, pour produire, au moyen de formules rituelles et parfois d’actions symboliques méthodiquement réglées, des effets qui semblent irrationnels.1
Cette définition de la magie comprend beaucoup de notions et montre que la magie n’a pas qu’un seul visage. Ainsi, dans un univers de fantasy, elle peut être considérée de plusieurs manières différentes, et ce, en fonction de ce que l’on attend d’elle et de l’univers que l’on crée. Elle peut donc être un art, une science, une force, une énergie, une spiritualité ou tout à la fois.
Cela semble logique au vu de la définition : Art fondé sur… Pourtant, on est en droit de se demander ce qu’est un art, car il en existe une multitude de définitions.
Étymologiquement, le mot art vient du latin ars qui signifie l’habileté, le savoir-faire.
Ici, nous parlerons de l’art dans son sens étymologique, c’est-à-dire en tant qu’ensemble des procédés, des connaissances et des règles intéressant l’exercice d’une activité ou d’une action quelconque2. Nous parlerons donc d’art en tant que savoir-faire.
La magie en tant que science constitue un ensemble de connaissances et de théories, en tant qu’art elle est une mise en pratique de ces connaissances. Cette mise en pratique suit des méthodes et des savoir-faire précis. La pratique de la magie n’est pas quelque chose d’arbitraire. Que son fonctionnement soit instinctif ou rituel (cf. chapitre La Pratique de la magie), la magie suit des règles rigoureuses.
La magie est donc un art en ce qu’elle nécessite la maîtrise de compétences, de procédés et de connaissances précis acquis par l’expérience et l’exercice à des fins de pratique dans un cadre réel et plus seulement expérimental, comme c’est le cas pour une science. Elle peut donc être vue comme sorte d’ingénierie ou d’artisanat magique.
Une science est un ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode3.
Dans la définition donnée plus tôt, nous retrouvons les notions de doctrine, de formules rituelles et d’actions symboliques méthodiquement réglées. Ces notions témoignent d’une certaine rigueur nécessaire à la pratique de la magie. En effet, la doctrine rappelle que la magie est théorisée, qu’elle fait appel à des théories, à des lois et à des règles qu’il faut respecter. Ensuite, les formules rituelles évoquent un langage propre à la magie, les actions symboliques font penser à l’expérimentation. Et, enfin, le méthodiquement réglées fait référence à des techniques précises à suivre sous peine d’échec.
Ces différents éléments rappellent les notions qui font qu’une science est une science. L’un des but des sciences est de théoriser les faits observables, et donc d’édicter des doctrines. En outre, elles ont leur langue propre (les mathématiques), leurs actions symboliques (l’expérimentation) et leurs techniques rigoureuses (les méthodes scientifique et expérimentale).
Au vu de ces explications, il est clair que la magie suit la méthode scientifique :
Dans un univers de fantasy, la magie peut donc également être définie comme étant un ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois magiques et dont la mise au point exige systématisation et méthode.
Bien entendu, cela dépendra de la magie et de l’univers que vous créerez. Dans certains cas, la magie prendra la place de la science, dans d’autres elle sera quelque chose de beaucoup plus intuitif.
N.B. : Si vous faites de votre magie une science à part entière avec des explications pour tout et sans laisser une part de mystère, vous verserez dans la Science-Fiction qui aura simplement inventé une nouvelle science avec ses lois et sa vision du monde.
Arrêtons-nous maintenant sur la partie de la définition qui parle de la présence dans la nature de forces immanentes et surnaturelles. Ces forces surnaturelles peuvent également porter le nom de magie dans les univers fantasy en ce que la magie elle-même est souvent considérée comme une puissante force naturelle ou divine.
En physique, une force est définie comme étant l’agent d’un changement4. Une force est donc toujours à l’origine d’une modification dans un système. Elle résulte de l’interaction entre plusieurs éléments. Et dès qu’il y a de la matière, il y a des interactions. L’univers est une sorte de tissage de toutes ces interactions qui ont évolués depuis sa création. Ces interactions sont des forces.
Actuellement, on distingue quatre forces fondamentales :
Ces forces sont fondamentales car elles ne peuvent pas s’expliquer en terme des autres5.
Dans un univers de fantasy, où tout est potentiellement possible, nous pourrions considérer que la magie puisse se substituer à l’une de ces forces ou être la cinquième force fondamentale.
C’est un peu le postulat de Georges Lucas dans sa saga Star Wars en définissant la Force comme étant un champ d’énergie créé par tous les êtres vivants qui les entoure et les pénètre et qui lie la galaxie toute entière6.
Cette définition de la Force rappelle par plusieurs aspects la définition du Chi asiatique. Ce dernier est défini comme étant un principe fondamental et unique qui donne à l’univers et aux êtres leur forme, tout en les transformant sans cesse. Il circule indifféremment dans les choses et les êtres, les reliant en permanence. Il est aussi considéré comme un souffle de vie.
La magie pourrait donc être une sorte de force universelle ou divine (à définir en fonction de votre univers) qui influencerait la Vie et la Matière à travers l’univers ou juste dans un microcosme magique isolé.
Le mot énergie vient du grec en (εν), à l’intérieur, et de ergon (εργον), l’action ou le travail. De là, Galilée a créé, en 1638, le mot energia (ενεργια) pour parler de la capacité à faire une action, de la vigueur inhérente.
En physique : L’énergie est la capacité d’un système à produire un travail7. Et le travail est la variation de l’énergie d’un système, due à l’application d’au moins une des forces fondamentales agissant sur une distance8.
La définition vue précédemment dit que la magie produit des effets qui semblent irrationnels. La magie produit donc « quelque chose » que l’on pourrait rapprocher à la notion physique de travail et pour produire un travail, il faut de l’énergie.
On distingue plusieurs types d’énergie, dont :
Dans un univers de fantasy l’énergie magique peut être une autre forme d’énergie qui permettrait de produire des effets magiques comme physiques. Cette énergie pourrait se stocker (cf. chap. Les Objets magiques), et ainsi devenir de l’énergie potentielle magique, afin d’être utilisée dans le cadre d’une action telle qu’un sort ou un rituel. Puiser dans cette réserve l’amoindrirait de manière définitive ou pas.
Dans la culture polynésienne, cette notion d’énergie magique existe déjà : le mana. Ce mana est une énergie divine, et donc magique, répandue dans la nature, habitant certains êtres et certaines choses auxquels elle confère un pouvoir telle qu’une force surnaturelle, la possibilité de parler aux esprits… Le mana est présent dans tout : animaux, végétaux, roches, minéraux…
Pour les Polynésiens, le mana était comme un fluide électrique qui pouvait changer personnes et choses et se transmettre de l’un à l’autre. Toute réussite était due au mana et tout échec à son absence. Aux Marquises, un jeune homme qui n’arrivait pas à mémoriser les traditions indigènes passait pour manquer de mana, et un récitant qui était défait dans un concours littéraire avait perdu son mana. Un guerrier absorbait le mana de tous les ennemis qu’il avait tués et accroissait par là le sien propre. Certains lieux étaient pénétrés de mana et un fugitif n’avait qu’à s’y réfugier pour s’y sentir en sécurité.9
N.B. : Le mana ressemble au Chi (ou à la Force) à ceci près que le Chi est ce qui met l’âme et la matière en mouvement. C’est donc une force. Alors que le mana est à considérer comme une sorte de carburant divin.
Quand le terme mana est féminin, il est l’énergie magique dans les jeux vidéos. Traditionnellement, la mana désigne la quantité d’énergie magique d’un personnage. La quantité de base de mana d’un personnage est déterminée en fonction de son affinité avec les arts magiques. Par exemple, un mage aura une plus grande quantité de mana à sa disposition qu’un guerrier.
Chaque sort lancé par le personnage consomme une quantité prédéterminée de mana. Les sorts les plus puissants en consomment le plus. De même, plus un personnage est puissant, plus il possède une grande quantité de mana.
Dans un univers fantasy, la magie pourrait donc être une énergie, ou un carburant, qui permettrait de produire des actions, magiques ou non, comme déplacer des objets (l’énergie potentielle magique se transforme en énergie cinétique) ou envoyer des boules de feu (l’énergie potentielle magique se transforme en énergie thermique).
En fantasy, la magie est souvent rattachée à la religion, mais pas que. Elle est également assimilée à un mode de vie différent du reste de la population. Il s’agit donc ici de la considérer comme étant l’ensemble des croyances, des principes ou des règles qui inspirent la vie de l’âme, le mysticisme religieux d’une personne10.
En effet, la magie demande souvent au thaumaturge de respecter un certain mode de vie, de suivre des dogmes et des doctrines afin de trouver l’équilibre entre le corps et l’esprit, de maîtriser ses pouvoirs ou de respecter des lois divines connues seulement des initiés.
La magie est souvent considérée comme une voie spirituelle à part entière qui tend vers la maîtrise de soi autant que de ses pouvoirs et vers une morale universelle dictée par des lois considérées comme supérieures aux lois des non-thaumaturges : les lois magiques.
La magie a donc de multiples facettes qu’il n’est pas toujours aisé de cerner. Pourtant, lorsque l’on souhaite créer un système de magie pour un univers de fantasy, qu’il soit littéraire, cinématographique ou vidéoludique, il est essentiel de comprendre ce que l’on veut mettre en place ou ce que l’on a déjà mis en place afin de garder une certaine cohérence.
Il est important de savoir identifier, que ce soit avec nos propres définitions ou avec celles données précédemment, si notre magie est un savoir-faire, un ensemble de connaissances théoriques, une somme d’interactions au sein de la matière, un carburant, un mode de vie ou tout à la fois.
Voilà, j’espère que ce premier article vous a plu ! N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé.
Pour la suite, rendez-vous dans 2 semaines (c’est-à-dire le 8 juin 2018) pour parler de la place de la magie dans la fantasy !
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1. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales [en ligne]. CNRTL, 2012 [consulté le 10/05/2018]. Magie, Définition 1)a), disponible sur : http://www.cnrtl.fr/definition/magie ↑
2. Larousse [en ligne]. Larousse, 2018 [consulté le 18/05/2018]. Art, disponible sur : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/art/5509 ↑
3. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales [en ligne]. CNRTL, 2012 [consulté le 14/05/2018]. Science, Définition II, disponible sur : http://www.cnrtl.fr/definition/science ↑
4. Eugene HECHT, « Une Introduction à la physique», Physique, De Boeck Université, 2003, p. 4 ↑
5. Arthur Beiser, « Physique nucléaire », Théorie et problèmes de la physique appliquée (troisième édition), McGraw-Hill, coll. Schaum, 2000, p. 444. ↑
6. Star Wars, épisode IV : Un nouvel espoir [Star Wars: Episode IV – A New Hope], 1977, Réalisation de Georges Lucas, États-Unis, Lucasfilm ↑
7. Wikipedia, [en ligne], 24/04/2018, [consulté le 10/05/2018]. Énergie (physique), disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_(physique). La définition complète est : « En physique, l’énergie est une mesure de la capacité d’un système à modifier un état, à produire un travail entraînant un mouvement, un rayonnement électromagnétique ou de la chaleur. » L’autrice a volontairement simplifié la définition afin de ne pas compliquer ses explications pour les non-scientifiques. ↑
8. Eugene HECHT, « L’Énergie », op. cit., p. 313 ↑
9. Lowie, Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p. 330 ↑
10. Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales [en ligne]. CNRTL, 2012 [consulté le 18/05/2018]. Spiritualité, Définition B)1), disponible sur : http://www.cnrtl.fr/definition/spiritualit%C3%A9 ↑
Une réponse à “Qu’est-ce que la magie ?”
Merci infiniment !!!