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Il n’y a rien de pire que de se vautrer dans les habitudes !
Aujourd’hui, un article discussion/débat/papotage pour détendre l’atmosphère après l’article de la semaine dernière. J’avais envie de vous parler des zones de confort en écriture.
Cette envie m’est venue en regardant l’une des vidéos de Yeah Cy., une illustratrice qui parlait des zones de confort en dessin. En l’écoutant, je me suis rendue compte qu’il pouvait très bien en aller de même avec l’écriture. Et cette idée m’a un peu effrayée.
Ça m’a effrayée parce qu’elle m’a fait me rendre compte que si on ne sort pas un minimum de sa zone de confort, on finit par se vautrer dans la monotonie à force d’écrire toujours la même chose.
Mais avant de rentrer dans le vif du sujet, je voudrais faire un petit aparté pour qu’on parte tous de la même idée. Et pour ce faire, je voudrais répondre à 3 questions :
1. Qu’est-ce qu’une zone de confort ?
La zone de confort est un état psychologique dans lequel une personne se sent à l’aise. Dans cette zone, elle peut garder le contrôle tout en éprouvant un faible niveau de stress et d’anxiété. Dès lors, un niveau constant de performance est possible.
Bardwick définit le terme comme « l’état comportemental d’une personne qui choisit de vivre dans une position neutre d’anxiété. ». Brown le décrit comme « l’espace où notre incertitude, le manque et la vulnérabilité sont réduits au minimum et où nous croyons que nous aurons accès à suffisamment de nourriture, d’amour, d’estime, de talent, et de temps. Où nous avons le sentiment d’avoir un certain contrôle. ».
Citation de Wikipedia.
2. Pourquoi en avons-nous ?
Parce que c’est un mode de fonctionnement qui permet de travailler sereinement. Les zones de confort nous rassurent.
3. Pourquoi devons-nous y remédier ?
La zone de confort est donc une façon de travailler toujours identique et monotone. Si pour les tâches ménagères, l’administration ou la comptabilité c’est une force, en Art (quel qu’il soit), c’est une faiblesse parce qu’elle bride la créativité et l’originalité. Sortir de sa zone de confort permet de nous donner cette petite pointe d’adrénaline due à l’anxiété et au stress du changement qu’il nous faut pour être plus créatifs/-ves.
Toutefois, il est important de noter qu’il ne faut pas trop s’éloigner de sa zone de confort sous peine de tomber dans la zone de danger définie en 1907 par Yerkes comme étant la zone « dans laquelle la performance diminue rapidement sous l’influence d’une plus grande anxiété. » (Citation de Wikipedia.)
Alors, comme je n’ai pas envie de devenir une écrivaine monotone d’écrits vains, je me suis posé les questions suivantes :
Pour moi, une zone de confort en écriture c’est quand on écrit toujours la même chose, mais pas nécessairement dans tous les domaines d’écriture. J’ai identifié 5 domaines pour lesquels il existe des zones de confort, selon moi : le genre, les personnages, le style, les intrigues et la forme. Bien entendu, selon la manière dont on conçoit l’écriture, on peut voir d’autres domaines 😉
Quant à savoir comment y remédier, je vous propose quelques pistes de réflexion par domaine, ci-dessous.
Il est clair que nous avons toutes et tous notre genre de prédilection, notre chouchou dans lequel nous nous vautrons sans réfléchir.
Et bien, changeons ça ! Sans partir dans un genre extrême que nous n’aimons pas, il nous faut tenter l’expérience de genres différents dans lesquels nous pouvons aussi nous sentir à l’aise. Que ce soit dans le cadre d’un appel à textes, d’un concours, d’un challenge perso (je pense au projet Bradbury), ou juste pour le plaisir, se lancer dans la rédaction d’un texte (pas nécessairement un roman ou une épopée, une nouvelle c’est bien aussi) dans un genre dont on n’a pas l’habitude peut être un excellent exercice.
Par exemple, mes deux genres de prédilections sont la High Fantasy et le Fantastique (le vrai façon Maupassant) mais je me prévois d’écrire quelques textes Steampunks, d’Urban Fantasy ou de Science-Fiction d’anticipation. Ces genres restent proches de ma zone de confort sans l’être totalement.
Avez-vous remarqué que nous avons tous des archétypes de personnages que nous affectionnons particulièrement et que nous ne pouvons pas nous empêcher de les écrire tout le temps ? Que ce soit par leur physique, par leur caractère ou les deux, nous avons toujours des personnages-types ou des caractéristiques qui reviennent souvent. Chez moi, ce sont les personnages boudeurs et les yeux bleus…
C’est surtout dû au fait que nous nous inspirons, consciemment ou pas, de nous-mêmes et des personnes qui nous entourent ou de celles qui ont marqués nos vies, en bien comme en mal. Mais aussi à une forme d’ethnocentrisme. Pour sortir de cette zone de confort, je nous (à vous, chers abonnés, autant qu’à moi) conseille de nous inspirer de ce que nous voyons et éprouvons dans la rue : les caractéristiques physiques des passants, le caractère que nous leur imaginons en fonction de leur tenue ou de l’expression de leur visage…
Imaginer des histoires à ces passants peut aussi nous aider à contextualiser leur caractère imaginaire pour nous inspirer un personnage au complet.
N’hésitez pas à aller jeter un œil à mon exemple de fiche de personnages si besoin 😉
Notre style d’écriture, notre griffe littéraire, n’est pas exempt d’habitudes. Je suis sûre que si je vous dis que nous avons tous une tournure de phrase favorite, une expression qu’on adore ou des mots particuliers qu’on répète sans cesse dans nos descriptions, vous aurez sûrement des exemples qui vous viendront à l’esprit. Dans mon cas, je peux vous citer mon défaut compulsif à caser des néanmoins, des toutefois, des en outre ou des de plus, partout ! Si ces conjonctions de coordinations sont parfaites pour un discours ou une dissertation, c’est une catastrophe pour les romans ! De la même manière, j’utilise souvent les mêmes verbes ou les mêmes adjectifs.
Tout ça crée une ambiance monotone, parfois lourde, qui peut aller jusqu’à ennuyer le lecteur. Pour y remédier, le mieux, c’est de trancher dans le vif pour supprimer tout ce qui est superflu et d’utiliser un dictionnaire des synonymes ou de paraphraser.
Un autre exercice intéressant à faire également est d’écrire comme… Le principe consiste à choisir un-e auteur-e au style marqué (comme Queneau ou Bukowski) et d’écrire une nouvelle ou un passage comme lui/elle, d’imiter son style. Il va de soi que ce texte n’est pas à publier puisqu’il s’agira d’une forme de plagiat, en revanche, vous pouvez le partager sur des forums en précisant qu’il s’agit d’un exercice d’écriture. Cet exercice est très intéressant dans le sens où il vous pousse à réfléchir vos phrases autrement que vous ne le feriez d’habitude.
Pensez également à écrire pour d’autres publics : notre style n’est pas le même si on écrit pour des adultes, pour des ado ou pour des enfants.
Attention tout de même à ne pas perdre ce qui fait votre griffe, ce qui fait que quand on lit l’une de vos phrases on sait que vous qui l’avez écrite. Par exemple, le fait de commencer mes articles par « Aujourd’hui, je voudrais vous parler de… » est un exemple — bateau, je vous le concède — de marque personnelle de « style », de signe distinctif en quelque sorte. Tous les blogs ne commencent pas leurs articles par « Aujourd’hui… »
C’est le genre de détails que vous ne devez pas supprimer, à moins que votre griffe soit de changer de style en permanence 😉
Les intrigues, les idées, les péripéties, etc. peuvent aussi rentrer dans une zone de confort si on se rend compte qu’on écrit toujours les mêmes histoires avec toujours les mêmes fils narratifs. Si, lorsqu’on regarde nos créations littéraires, on a la sensation de se retrouver à Hollywood avec l’impression d’avoir produit les mêmes scénarios comme s’ils étaient fabriqués à la chaîne, c’est qu’il y a un sérieux problème !
Bien entendu, j’ai pris un exemple extrême, mais parfois on peut avoir cette sensation de « déjà écrit » et/ou l’envie de renouveler ses idées.
Pour (re)trouver l’inspiration, rien de tel que d’aller voir chez les autres ! J’ai d’ailleurs écrit plusieurs articles à ce sujet (l’inspiration, pas aller voir chez les autres 😉 ) :
Je vous conseille également d’aller jeter un coup d’œil aux 36 situations dramatiques de Georges Polti. Il s’agit d’une théorie que je trouve très intéressante sur la manière de construire une intrigue.
Jouer sur la forme de ses écrits est également un bon moyen de sortir de sa zone de confort pour développer sa créativité. En effet, écrire de la poésie va nous forcer à travailler notre vocabulaire et nos figures de styles — et si vous êtes téméraires, essayez-vous aux haïkus. Si vous êtes plutôt romancier, écrire des nouvelles peut vous apprendre la concision, à écrire des histoires fortes et à créer des personnages crédibles en peu de mots. Les nouvelles nous permettent d’apprendre à améliorer notre vocabulaire et nos tournures de phrases. Les discours apprennent à exprimer sa pensée et donc peuvent nous enseigner la manière d’exprimer les caractères, les pensées et les raisonnements de nos personnages ; le théâtre permet de travailler les dialogues, etc.
L’intérêt premier de varier la forme de ses écrits est de se forcer à penser l’écriture autrement. Chaque forme a ses spécificités et met l’accent sur des domaines de l’écriture particulier. Ça nous permet donc de travailler nos points faibles.
Bien entendu, tous ces exercices que je vous propose peuvent être mélangés. Par exemple, si vous êtes un romancier de fantasy, rien ne vous empêche de tenter la rédaction d’une pièce de théâtre de SF en l’écrivant comme Samuel Beckett. Je vous conseille toutefois de ne pas trop vous éloigner de votre zone de confort non plus sous peine de tomber dans votre zone de danger et perdre toute confiance en vous ou en votre écriture. Faites les choses comme vous le sentez, mais faites-les 😉
N’oubliez pas que la créativité naît de la contrainte, Thomas Stearns Eliot disait d’ailleurs : Forcée à fonctionner dans un cadre strict, l’imagination tourne à plein régime, et produit ainsi ses idées les plus riches. Sans aucune contrainte, le travail risque de s’éparpiller. Alors créez-vous des contraintes et des cadres stricts de travail afin de progresser.
Voilà ! J’espère que cet article vous a plu ! En tout cas, pour ma part, l’écrire m’a donné envie de re-participer à des concours et à des appels à textes !
Et vous, avez-vous des zones de confort dans votre écriture ? Dites-moi tout ! 😉